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CICÉRON.

Depuis que Pompée, tant de fois consul et triomphateur, était rentré à Rome, et que César avait grandi en ambition, en intrigue, en popularité et en gloire, Rome était divisée en trois partis qui marchaient d’un pas presque égal à la ruine de la liberté.

Le premier et le plus puissant était celui de Pompée, idole du sénat, cher aux soldats, modérateur et soutien tout à la fois de la noblesse, n’aspirant pas a détruire, mais à dominer les institutions, n’ayant de l’ambition que ce qu’elle a d’honnête et de patriotique, heureux de conserver la république pourvu qu’il en fût le patron et le grand citoyen, et cherchant à tenir entre tous les excès une balance où son nom et son épée faisaient toujours pencher le pouvoir. On voit, par les noms des hommes qui suivirent plus tard sa fortune, que ce qui restait à Rome de vertu et de liberté était alors, avec Caton et Cicéron, de ce parti.

Le second était celui des démagogues, qui adulaient par ambition les plus sordides et les plus sanguinaires instincts de la multitude, qui ne cessaient de l’animer contre le sénat et contre les patriciens, qui déclaraient la guerre à toutes les lois, qui ne voulaient de lois que les séditions et les meurtres soufflés par leurs tribuns, et qui, par l’effroi de leur anarchie et de leurs crimes, repoussaient les meilleurs citoyens dans les dictatures. Le chef le plus redoutable de ce parti populaire était Clodius.

Enfin, le parti de César, parti d’un homme qui avait été doué par la nature et par la fortune de tous les dons de la naissance, du rang, de la richesse, de l’éducation, de l’éloquence, du courage et du génie, et qui les prostituait tous, jeune à ses vices, mûr à sa gloire et à son ambition. César, né du sang le plus illustre de Rome, avait pris de bonne heure le parti des démagogues, comme on l’a vu a l’occasion de Catilina, afin d’avoir deux instruments de