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CICÉRON.

province d’Asie, qui confinait d’un côté à la Grèce, de l’autre à la Syrie. Une armée de vingt mille hommes était sous ses ordres, indépendamment des corps auxiliaires empruntés aux princes tributaires de Rome. Le génie romain, comme nous l’avons vu plus haut, était de sa nature universel. Nulle armée n’aurait reproché à son chef d’être en même temps le premier orateur, le premier poëte, le premier magistrat de sa patrie ; nulle assemblée du peuple autour de la tribune aux harangues n’aurait reproché à un orateur d’avoir remporté des victoires. Tout ce qui amplifiait l’homme agrandissait les fonctions. Le nouveau général, conseillé par Pompée, dont il avait été prendre les avis à Tarente, comme ceux de l’oracle de la guerre, répondit dignement et la confiance de sa patrie. Il secourut les restes de l’armée de Crassus, qui luttaient à peine en Syrie contre les forces indomptées des Parthes, seuls rivaux du peuple romain en Asie. Descendant du mont Taurus, ces Alpes de la Cilicie, à la tête de quarante mille hommes, il les combattit sous les murs d’Antioche, délivra l’armée romaine de Syrie, enveloppée par eux dans cette ville, et les refoula dans les déserts. Au retour de cette expédition, il soumit la Cappadoce, royaume voisin de la Cilicie, qui s’était dérobé au joug des Romains. Il y rétablit sur son trône le roi Ariobarzane, protégé de Rome ; et quoique pauvre, il refusa généreusement le tribut, prix de cette restauration, que ce roi lui offrit. Fidèle aux principes de désintéressement et de vertu qu’il avait pris pour règle de sa vie, et qu’il avait professés dans un de ses plus beaux livres sur la République, il refusa jusqu’au logement et à l’hospitalité onéreuse que les villes alliées devaient aux proconsuls. Il y fit contraster le gouvernement d’un philosophe avec l’oppression d’un conquérant. Il y fit pardonner la domination de Rome, et bénir son propre nom. Les provinces le proclamèrent leur père, et son armée le proclama