Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/81

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les gouttes de rosée, les bouffées d’odeurs et les nuages d’insectes, qui s’élevaient de son sein comme de la poussière d’or.

Que Dieu est grand ! que la source d’où toutes ces vies et ces beautés et ces bontés découlent doit être profonde et infinie ! S’il y a tant à voir, à admirer, à s’étonner, à se confondre dans un seul petit coin de la nature, que sera-ce quand le rideau des mondes sera levé pour nous, et que nous contemplerons l’ensemble de l’œuvre sans fin ? Il est impossible de voir et de réfléchir, sans être inondé de l’évidence intérieure où se réfléchit l’idée de Dieu. Toute la nature est semée de fragments étincelants de ce miroir où Dieu se peint !

En arrivant vers l’embouchure occidentale de la vallée, le ciel s’élargit ; ses parois s’abaissent, sa pente incline légèrement sous les pas ; les cimes brillantes de neige du Liban se dressent dans le ciel ondoyant de vapeurs brûlantes : on descend, avec le regard, de ces neiges éternelles à ces noires taches de pins, de cyprès ou de cèdres, puis à ces ravines profondes où l’ombre repose comme dans son nid ; puis, enfin, à ces pics de rochers couleur d’or, au pied desquels s’étendent les hauts Maronites et les villages des Druzes ; tout finit par une bordure de forêts d’oliviers qui meurent sur les bords de la plaine. La plaine elle-même, qui s’étend entre les collines où nous étions et ces racines du haut Liban, peut avoir une lieue de large. Elle est sinueuse, et nous n’embrassions de l’œil qu’environ deux lieues de sa longueur ; le reste nous était caché par des mamelons couverts de noires forêts de pins.