Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/31

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moins aisément que les autres, que les « intoxiqués », comme disait Langevin.

Pour lui, définitif et mort sont synonymes[1] ; il pressent ainsi, de longues années avant son adhésion explicite au marxisme, la thèse fameuse selon laquelle vie, c’est métamorphose et mort, fin des métamorphoses[2]. De même, le simple, le principe d’explication fondamental, l’essentiel des choses, n’est pas le familier ; il en est plutôt l’opposé, dans la mesure où le familier est le traditionnel[3].

Paul Langevin, parvenu à la pleine maîtrise du mode de penser marxiste, a fortement insisté dans tous les écrits de la dernière période sur la nécessité pour la raison humaine, pour la conscience du savant, de se renouveler, d’évoluer dialectiquement elle aussi, en accord avec la réalité changeante de l’univers et avec le reflet changeant de cet univers en elle-même, La coïncidence de cette préoccupation familière à son esprit avec la tendance actuelle de la philosophie soviétique à attacher une importance exceptionnelle au problème de la logique (histoire de l’application des catégories de la logique, rapports de ces catégories à la pratique humaine, rapports de la logique dialectique à la logique formelle) est un frappant indice de la hauteur et de la sûreté des vues marxistes auxquelles le génie de Paul Langevin s’était élevé. Dans le premier numéro de la revue La Pensée, au printemps de 1939, il écrivait ces fortes lignes :


Nous assistons à un moment particulièrement important du développement de cette chose vivante qu’est notre raison. Elle n’est pas donnée a priori, elle n’a pas les cadres rigides qu’on croyait pouvoir lui imposer autrefois[4]. Reflé-

  1. La valeur éducative de l’histoire des sciences, p. 698.
  2. Anti-Dühring. Première partie, chap. VIII (Ed. Sociales, t. I, p. 115).
  3. La valeur éducative de l’histoire des sciences, passage cité.
  4. Souligné par moi. G. C.