Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/329

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hommes m'a depuis longtemps porté vers les difficiles problèmes de l'enseignement et m'a valu l'honneur de participer aujourd'hui, aussi activement que me le permet mon état de santé, à la grande tâche de fonder notre éducation nationale sur une base vraiment démocratique et humaine. La justice à l'école, condition nécessaire de la justice sociale, représente un des liens étroits qui doivent unir la justice et la science. Les Grecs qui avaient fait de Minerve la déesse commune à ces deux aspects de l'effort humain, voulaient sans doute signifier par là que l'un ne va pas sans l'autre et que l'humanité souffre dès que les moyens d'action créés par la Science ne sont pas exclusivement mis au service de la Justice. La Science a évolué si rapidement depuis bientôt deux siècles que la Justice, toujours un peu boiteuse, n'a pu suivre au même pas, et que nos organisations sociales ou internationales ne correspondent plus à nos moyens d'action. Pour établir l'harmonie, il est nécessaire que la Science tende la main à la Justice, par l'application des méthodes scientifiques à l'étude des problèmes humains, et par un développement de la conscience civique chez ceux qui contribuent au développement de la science. A l'exemple des intellectuels qui, au temps de l'affaire Dreyfus, mirent leur force d'esprit au service de la justice individuelle, c'est aujourd'hui un devoir, pour ceux qui créent la science, de veiller à l'usage qu'en font les hommes. Cette conviction m'a conduit, depuis plus de