Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le prix du concours qu’il lui prêtait. Elle avait respecté la pleine puissance impériale ; elle l’avait ensuite communiquée, pour ainsi dire, aux rois barbares. Église et royauté, trône et autel, comme on dira plus tard, inaugurèrent alors cette alliance intime qui devait persister pendant des siècles et qui dure encore entre leurs débris.

      *       *       *       *       *

Le roi mérovingien a joué le personnage germanique mieux que le romain, et certains actes, dont les suites furent considérables, n’étaient que les effets d’habitudes anciennes auxquelles il demeura fidèle.

Les quatre fils de Clovis se partagent sa succession. Ils croient faire la chose du monde la plus naturelle, et nous ne voyons pas qu’ils aient étonné personne. Comme il n’y avait pas de droit d’aînesse dans les familles royales, tous les princes apportaient en naissant l’aptitude à régner, et lorsque la coutume de l’élection se fut perdue, les fils d’un roi succédèrent ensemble à leur père. Les Francs, bien qu’ils eussent sous les yeux l’indivisible monarchie impériale, se représentèrent la royauté, non comme une magistrature suprême, unique et, pour ainsi dire, impersonnelle, mais comme un patrimoine composé de droits, d’honneurs et de propriétés, très propre à être partagé. Les fils de Clovis firent donc quatre parts égales de l’héritage paternel, et comme les partages se renouvelèrent à chaque mort de roi, des régions politiques permanentes se formèrent en Gaule. La Neustrie, la Burgondie et l’Austrasie apparurent les premières. Le pays des Francs saliens était compris dans la Neustrie ; l’Austrasie était le pays des Francs ripuaires ; en Burgondie, les Burgondes étaient demeurés après la victoire des Francs et la mort de leur dernier roi. Francs de Neustrie, Francs d’Austrasie, Burgondes, avaient leur loi particulière ; il y avait donc une raison pour qu’ils se distinguassent les uns des autres. Telle n’était pas la condition de l’Aquitaine : les Wisigoths en avaient émigré, les Francs y étaient venus en petit nombre. La population romaine était là, comme partout, incapable de s’organiser. Pliée à l’obéissance, déshabituée de l’énergie, cette masse