Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/115

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jet du marteau au moment de la fondation par Clovis de l’église des Saints-Apôtres, — les unes, de provenance hagiographique, doivent tout leur éclat aux fleurs de la rhétorique cléricale ; toute la poésie des autres est dans le simple énoncé d’événements réels qui se sont passés en des temps où la réalité n’était pas vulgaire. Au contraire, quand les chroniqueurs résument très probablement des chansons archaïques, c’est parfois en termes très plats : « Wiomad, dit Frédégaire (III, 11), était le plus fidèle de tous les Francs à Childéric ; il avait réussi à le sauver quand les Huns l’avaient emmené en captivité, lui et sa mère…. » Certes, cette phrase est incolore ; mais elle suffit à persuader que les Francs, comme tant d’autres nations germaniques, avaient un trésor de traditions relatives aux invasions du redoutable roi des Huns, l’Attila du Nibelungenlied ; que la jeunesse de Childéric fut l’objet de chants très anciens, encore populaires au VIe siècle, qui célébraient les stratagèmes de l’ingénieux Wiomad pour procurer l’évasion du prince salien et de sa mère. Comparez les « poèmes d’évasion » du Heldenbuch des peuples allemands : l’évasion de Walther et d’Hildegonde, otages d’Attila, dans le Waltharius d’Ekkehard, etc. — M. Kurth, qui a entrepris cette tâche difficile de discerner dans les chroniques mérovingiennes les vestiges de l’épopée populaire des Francs mérovingiens s’est sans doute trompé souvent ; quelques-unes de ses hypothèses et de ses conclusions sont bien fragiles ; mais sa thèse fondamentale n’est pas absurde, et son livre, pourvu qu’on le lise avec discernement, est ingénieux, instructif…….

Pharamond ne doit son titre et sa renommée de premier roi des Francs qu’à l’erreur d’un moine neustrien qui écrivait en 727, au monastère de Saint-Denis, une chronique remplie de fables. L’histoire de Clodion, de Mérovée, se perd dans la nuit. Childéric est le plus ancien prince des Saliens qui ait sûrement excité la verve poétique de son peuple. Nous avons déjà parlé de deux chansons qui lui ont été consacrées : sur sa captivité chez les Huns, sur sa brouille et sur sa réconciliation avec les siens ; une troisième célébrait son mariage avec Basine et les visions prophétiques de sa nuit de noces. La reine Basine de Thuringe, qui abandonne son mari pour rejoindre Childéric, et qui, inter-