Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Grand écrit au meurtrier : « Gloire, s’écrie-t-il, gloire à Dieu qui règne au plus haut des cieux ! » Il attribue cette révolution à la Providence, qui, pour soulager le cœur des affligés, élève au souverain pouvoir un homme « dont la générosité répand dans le cœur de tous la joie de la grâce divine ». Il se réjouit que la bonté, la piété, soient assises sur le trône impérial. Il veut qu’il y ait « fête dans les cieux, allégresse sur la terre » ! En même temps, il présente à la femme du parvenu, Leontia, ses félicitations : « Aucune langue, lui dit-il, ne pourrait exprimer, aucune âme imaginer la reconnaissance que nous devons à Dieu, » et il invite « les voix des hommes à se réunir au chœur des anges pour remercier le Créateur ». — A tout propos, l’empereur de Byzance fait acte de souverain à Rome. Un pape nouvellement élu doit envoyer des messagers à Constantinople pour faire part au prince de son élection. L’ordination « ne peut être célébrée qu’au su de l’empereur et par son ordre ». Le pape paya même un certain tribut jusqu’au jour où le Βασιλεὑς en eut fait gracieusement remise à l’Église romaine. Les ordres qui viennent de la « ville royale » sont appelés « divins » par les papes, qui les sollicitent humblement en toute circonstance. Pour toucher aux monuments anciens, par exemple, il faut la permission impériale. Phocas autorise Grégoire le Grand à transformer le Panthéon en une église ; un autre empereur permet à Honorius d’enlever les tuiles dorées qui recouvraient le temple de Rome. Il est toujours loisible au successeur d’Auguste de venir s’établir à Rome, où personne ne prétend tenir sa place. Constantin II, qui régnait dans la seconde moitié du VIIe siècle, voulut quitter Constantinople, où il n’était pas aimé, et qui, plusieurs fois tâtée par les Arabes, était exposée aux plus grands périls. Il se mit en route, passa par Athènes, par Tarente, faisant une sorte de revue de fantômes. Quand il approcha de Rome, le pape, avec tout le clergé, alla au-devant de lui jusqu’à six milles. Il lui fit les honneurs du sanctuaire de Pierre et du palais de Latran, lui chanta la messe et lui fit servir à dîner dans une basilique. Douze jours passèrent ainsi. Constantin s’aperçut vite que Rome n’était plus une capitale d’empire, et il partit ; mais il avait fait enlever et charger sur des bateaux à destination de Constanti-