Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

roces ; puis, s’adressant aux grands stupéfaits : « Croyez-vous, leur dit-il, que je puisse être votre maître ? N’avez-vous pas entendu raconter ce que le petit David a fait à l’immense Goliath, ou le tout petit (brevissimus) Alexandre à ses gigantesques compagnons ? » Le livre de Notker est resté à peu près inconnu au moyen âge ; c’est donc dans la tradition orale qu’un interpolateur du biographe de Louis le Pieux connu sous le nom de l’Astronome limousin a dû puiser la connaissance de cette histoire, à laquelle il fait allusion en la plaçant à la villa royale de Ferrières en Gâtinais….

Le récit d’Adenet le Roi est tout différent de celui de Notker : la scène est à Paris ; un lion terrible, qu’on nourrissait depuis longtemps, brise la cage où il était enfermé, tue son gardien, et se lance dans le jardin où le roi Charles Martel, entouré de sa famille, prenait son repas ; le roi s’enfuit avec sa femme, mais Pépin s’empare d’un épieu, marche au lion et lui enfonce l’épieu dans la poitrine ; il n’avait alors que vingt ans. Adenet a-t-il suivi une tradition particulière, ou s’est-il borné à développer la seule notion que lui fournissait la tradition ancienne, à savoir que Pépin avait tué un lion ? La seconde hypothèse serait assez plausible : la prouesse de Pépin est ici plus banale que chez Notker, et un trait de courage, tout à fait analogue, a été attribué à d’autres qu’à lui. Toutefois un témoignage notablement antérieur à Adenet nous disant aussi que Pépin A Paris le lion vainqui, il faut plutôt croire que la scène s’était anciennement localisée dans le palais de Paris, et dès lors il est probable qu’elle avait pris la forme qu’elle a chez Adenet.

Tout autre encore est la façon dont le compilateur liégeois Jean des Prés ou d’Outremeuse, au XIVe siècle, raconte l’exploit de Pépin. Celui-ci, du vivant encore de son père, a secouru le roi Udelon de Bavière contre les Hongrois et les Danois ; il atteint, dans une forêt, le roi Julien de Danemark qui s’enfuyait, le combat et va le tuer, « quant un grand lyon savage qui habitoit en chis bois si vient la corant ». Le lion attaque Pépin ; une lutte terrible s’engage ; enfin Pépin peut tirer son couteau et tue le lion : « Après vint a son cheval, qui mult estoit navreis, et atachat le lion à la couwe de son cheval et l’amenat avuec li a