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Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/171

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gallicane, c’est la bénédiction du peuple par l’évêque, au moment de la communion. On tenait tant à ce rite qu’il fut maintenu, même après l’adoption de la liturgie romaine ; presque tous les sacramentaires du moyen âge contiennent des formules de bénédiction ; maintenant encore, elles sont en usage dans l’église de Lyon. Or, voici comment le pape Zacharie en parlait dans une lettre à Boniface :

Pro benedictionibus autem quas faciunt Galli, ut nosti, frater, multis vitiis variant. Nam non ex apostolica traditione hoc faciunt, sed per vanam gloriam hoc operantur, sibi ipsis damnationem adhibentes…. Regulam catholicæ traditionis suscepisti, frater amantissime : sic omnibus prædica omnesque doce, sicut a sancta Romana, cui Deo auctore deservimus, accepisti ecclesia.

C’est sous l’épiscopat de saint Chrodegang (732-766), et plus probablement depuis son retour de Rome en 754, que l’église de Metz adopta la liturgie romaine. Le chant, la Romana cantilena, était, de toutes les innovations liturgiques, la plus apparente et la plus remarquée. C’est celle qui a laissé le plus de traces dans les livres et les correspondances. Le pape Paul envoya, vers l’année 760, au roi Pépin, l’Antiphonaire et le Responsorial de Rome. Cette même année 760, l’évêque de Rouen, Remedius, fils de Charles Martel, étant venu en ambassade à Rome, obtint du pape la permission d’emmener avec lui le sous-directeur (secundus) de la Schola cantorum, pour initier ses moines « aux modulations de la psalmodie » romaine. Ce personnage ayant été, peu après, rappelé à Rome, l’évêque envoya ses moines neustriens terminer leur éducation musicale à Rome, où on les admit dans l’école des chantres.

Ce sont là des faits isolés. Il y eut une mesure générale, un décret du roi Pépin par lequel fut supprimé l’usage gallican. Ce décret est perdu, mais il se trouve mentionné dans l’admonitio generalis publiée par Charlemagne en 789….

Cette réforme était devenue nécessaire. L’Église franque, sous les derniers Mérovingiens, était tombée dans le plus triste état de corruption, de désorganisation et d’ignorance. Nulle part il n’y avait un centre religieux, une métropole, dont les usages