Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/185

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vingiens. Ainsi l’établissement de la dynastie nouvelle était en partie son ouvrage. Cela méritait bien les plus hautes faveurs, et l’on ne doit pas s’étonner de voir les premiers évêques passer, à la cour de Pépin, après un tel abbé. A la mort de Fulrad, Charlemagne conféra son titre à l’archevêque de Metz, Angilramne. Les évêques observaient alors assez fidèlement l’obligation de la résidence. Charlemagne fit comprendre au pape Adrien qu’il devait constamment avoir à ses côtés un homme versé dans les affaires ecclésiastiques, et l’archevêque de Metz obtint, en conséquence, la permission de venir à la cour. Celui-ci fut, à sa mort, remplacé par Hildebold, évêque de Cologne. Théodulfe, qui lui devait peut-être quelques services, a célébré la grande bonté d’Hildebold : « La douceur de ses traits, dit-il, répondait à celle de son âme. » Angilbert l’inscrit au nombre des meilleurs poètes de la cour. Dans la vie de Léon III par Anastase, Hildebold remplit un grand rôle : c’est lui qui se rend le premier auprès de ce pape, si cruellement traité par ses clercs en révolte, et c’est lui qui fait arrêter les coupables….

Veut-on se faire une juste idée d’un grand officier de la couronne sous le règne de Charlemagne ? En voici le type le plus parfait ; c’est Angilbert [qu’une lettre du pape Adrien, datée de 794, désigne comme « ministre de la chapelle royale »].

Son père, son aïeul, ayant occupé, sous les rois précédents, de hautes charges, Charles l’avait eu, dans sa jeunesse, pour commensal et pour ami. En montant sur le trône, il le nomma son conseiller silentiaire ou auriculaire, c’est-à-dire son confident officiel, le premier de ses ministres. Angilbert a le goût des lettres profanes ; cet autre Homère lit couramment Ovide et Virgile : c’est un savant, c’est même un poète distingué. A ces titres l’Église le réclame, et le voilà prêtre. On lui destine déjà le pallium ; plusieurs villes métropolitaines se disputent l’honneur de posséder un prélat de si grand renom, quand il séduit et rend deux fois mère Berthe, une fille du roi….

A quelque temps de là, c’est un duché qu’il possède et non pas une métropole. On le voit parcourir le Ponthieu, sa province, rendant la justice au nom du roi. Mais il est inquiet, car il est malade, et l’affection morbide qui le travaille menace, il