Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/205

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D’autre part, tous les rois du Xe siècle, à quelque famille qu’ils appartinssent, ont cherché, dans une mesure qui varia avec leur pouvoir réel et la nature de leur tempérament, à maintenir, contre le développement croissant de la féodalité, les prérogatives de la puissance suprême. Ils n’ont point réussi à empêcher la transmission héréditaire des fiefs ; tous se sont vus obligés de distribuer à leurs fidèles des bénéfices sur lesquels ils n’avaient pas grand espoir de pouvoir remettre la main ; mais on ne voit pas qu’à cet égard les rois d’origine féodale aient agi autrement que les Carolingiens. Au contraire, s’il est un règne sous lequel le gouvernement royal ait paru vouloir réagir contre l’usurpation complète des bénéfices et des offices publics, ce fut sans contredit celui d’Eude. C’est précisément parce qu’il ne se montra pas toujours disposé à accepter sans conditions le principe de l’hérédité des fiefs, c’est parce qu’il essaya de résister aux exigences de l’aristocratie, qu’il s’aliéna, vers la fin de son règne, les mêmes chefs féodaux qui l’avaient élu. Charles le Simple dut principalement la couronne a ce mécontentement des grands.

La théorie qui consiste à voir partout des oppositions de race ne saurait être admise davantage quand on veut expliquer la lutte des Robertiniens et des Carolingiens, le succès des premiers et la chute des seconds. S’il est vrai que la possession de Paris, de Tours et des plus riches parties de la France centrale a pu contribuer à mettre en vue les descendants de Robert le Fort, il est cependant inexact de faire de ceux-ci les représentants exclusifs de la nationalité française, et des Carolingiens la personnification de l’élément germanique. Depuis la constitution du royaume des Francs occidentaux au profit de Charles le Chauve, les descendants de Charlemagne qui ont exercé le pouvoir à l’est de la Meuse ont été considérés par leurs contemporains comme des rois tout aussi français et nationaux que les chefs neustriens, leurs adversaires. Si les Robertiniens avaient exclusivement représenté les aspirations de la race celto-latine et la haine de l’étranger, leurs relations avec la Germanie auraient été fort différentes. Sur ce terrain encore, leur politique est exactement la même que celle des Carolingiens. Ils ont recherché