Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/206

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encore plus que leurs rivaux la protection des rois allemands. Il n’y a point de prince neustrien, roi ou duc, qui n’ait conclu alliance avec les souverains de la Germanie. Hugue Capet se trouvait même, par sa mère, le proche parent des rois saxons.

Ainsi ce n’est ni comme rois féodaux ni comme rois nationaux que les Robertiniens ont été élevés à la dignité suprême par le clergé et les seigneurs français du Xe siècle. D’autre part, la monarchie fut, sous la direction d’Eude, de Robert et de Raoul, exactement ce qu’elle était quand elle appartenait aux descendants de Charlemagne.

A quoi donc attribuer la chute de la dynastie légitime et pourquoi le pouvoir monarchique fut-il définitivement transmis, en 987, à l’héritier de Robert le Fort ?

Les derniers Carolingiens n’ont point succombé par défaut d’activité et d’énergie. On abandonne aujourd’hui la vieille légende qui, partant d’une analogie peu fondée entre la décadence mérovingienne et la période finale de la seconde dynastie, appliquait à tort aux successeurs de Charles le Simple le titre de rois fainéants. Louis d’Outremer, Lothaire et même Louis V ont déployé des ressources d’esprit qui leur auraient assuré le succès, si le succès eût été possible. Mais ils portaient le poids des fautes commises par leurs ancêtres et de la situation désespérée qui leur avait été laissée en héritage…. Les Carolingiens, ruinés, n’ayant plus ni propriétés ni vassaux, avaient en quelque sorte perdu pied dans le torrent féodal qui emportait tout. Ils furent donc entraînés par le courant. Au contraire, les héritiers de Robert le Fort, qui tenaient au sol par de fortes attaches, restèrent debout. C’est précisément parce que le duc des Francs possédait ce qui faisait défaut aux héritiers de Charlemagne, [la richesse territoriale], que la révolution dynastique de 987 a pu s’accomplir au profit des Robertiniens.

Mais si la qualité de grand propriétaire fut la condition nécessaire de l’élévation au trône du dernier Robertinien, il faut chercher ailleurs la cause essentielle des événements de 987.

Ce changement dynastique était-il, comme on l’a dit, une conséquence directe de l’état de choses créé par le triomphe de la féodalité ? [Certainement non]. A ne suivre que leur propre