Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/23

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I. — ROMANI, ROMANIA.


Les habitants de Rome se sont appelés de tout temps, dans leur langue, Romani. Ce mot est formé du nom Roma et du suffixe -ano, un de ceux à l’aide desquels la langue latine tirait du nom d’un pays ou d’une ville celui de ses habitants. Longtemps après la soumission de l’Italie et des autres provinces qui composèrent leur empire, les Romani se distinguèrent des peuples qui vivaient sous leur domination. Ceux-ci conservaient leur nom originaire : ils étaient Sabins, Gaulois, Hellènes, Ibères, et n’avaient pas le droit de s’appeler Romains, nom réservé à ceux qui tenaient le droit de cité de leur naissance ou qui l’avaient reçu par une faveur spéciale. Insensiblement cette distinction s’effaça, surtout après que l’édit célèbre de Caracalla eut fait des citoyens romains de tous les habitants de l’empire : In orbe Romano qui sunt, dit Ulpien, ex constitutione imperatoris Antonini cives Romani effecti sunt. Le voisinage menaçant des Barbares, qui pressaient l’empire de plusieurs côtés, rendit bientôt plus général l’emploi du mot de Romani pour désigner les habitants de l’empire par opposition aux mille peuples étrangers qui en bordaient et qui déjà commençaient à en franchir les frontières. Les écrivains du IVe et du Ve siècle parlent avec orgueil de cette nouvelle nationalité romaine, de cette fusion des races dans une seule patrie. Quis jam cognoscit, dit saint Augustin, gentes in imperio Romano quæ quid erant, quando omnes Romani facti sunt et omnes Romani dicuntur ? C’est en parlant de l’empire qu’Apollinaris Sidonius écrivait : In qua unica totius orbis civitate soli Barbari et servi peregrinantur. Les poètes ne manquèrent pas de célébrer cette grande œuvre. Les vers de Rutilius Namatianus sont célèbres :

    Fecisti patriam diversis gentibus unam ;
      Urbem fecisti quæ prius orbis erat.