Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/248

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des chapitres, des règlements de discipline, on est surpris des détails qui attirent son attention. Les moindres particularités du vêtement, la forme et la longueur des étoffes, l’attitude au chœur, au réfectoire, au dortoir, sont minutieusement réglées ; il n’y a pas jusqu’aux couvertures de lit dont il ne s’occupe ; il indique les cas où l’abbé pourra prendre ses repas et dormir dans une chambre particulière au lieu de le faire dans les salles communes.

Tout cela est caractéristique. Ce pape qui répond à toutes les questions, qui tranche tous les doutes, qui agit et pense à la place des évêques, qui règle dans les monastères le vêtement et le sommeil, qui juge, légifère, administre, qui fixe le droit et le dogme et dispose des bénéfices, c’est la monarchie absolue assise au sein de l’Église. L’œuvre de Grégoire VII est enfin consommée. Au lieu de ce clergé d’humeur fière et quelquefois rebelle, contre lequel ce pape se vit contraint de lutter, on aperçoit un clergé soumis et toujours docile à la voix du pontife. Les rares symptômes d’indépendance qu’on parvient à saisir se manifestent uniquement chez quelques évêques mêlés à la querelle de l’Empire et aux événements de l’hérésie albigeoise. La papauté ne prétend pas encore que la nomination aux évêchés lui appartient ; elle ne trahira cette prétention que plus tard. Mais déjà les élections épiscopales sont toutes soumises à l’approbation du Saint-Siège. Quand l’élection est rejetée, le pape fixe un délai de quinze jours, d’un mois au plus, passé lequel, si l’on ne s’entend pas sur un nouveau choix qui puisse être agréé, il menace de pourvoir lui-même à la nomination. Quelquefois il n’y a pas d’élection ; le pape est prié directement par les intéressés de désigner l’évêque qui lui convient. L’élection, quand elle a lieu, n’est souvent qu’une vaine formalité. Les évêques une fois nommés, le pape, à son gré, les transfère, les suspend ou les dépose. En somme, personne n’est évêque que « par la grâce du Saint-Siège » ; le mot n’y est pas, mais le fait. Ce sont, on peut le dire, moins des évêques que des sujets que gouverne Innocent III ; ils en ont l’attitude, ils en ont aussi le langage.

Pour compléter ce tableau, ajoutons qu’il n’y a plus d’assem-