Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Siège assimilât à ce droit très spécial celui que la coutume lui assignait sur nombre d’États chrétiens, et qui s’exprimait par des redevances analogues.

Après la dissolution de l’Empire romain, qui avait été longtemps pour les princes barbares la source de toute légitimité, le Saint-Siège avait paru tout désigné pour succéder dans ce rôle à l’Empire.

L’apôtre enseigne que tout pouvoir légitime vient de Dieu. Mais qui donc aura mission d’éclairer les consciences, de se prononcer sur la légitimité des pouvoirs de fait, sinon celui qui a reçu du Christ le droit de lier et de délier toute chose ?

C’est donc à la papauté que les hommes ont fait appel. Les États naissants et les dynasties nouvelles ont senti le besoin de se faire reconnaître par elle. Elle a sacré Pépin et couronné Charlemagne ; elle a érigé des trônes et dispensé des couronnes.

La papauté s’est trouvée investie de la sorte d’une véritable magistrature, d’un droit qu’on pourrait appeler supra régalien, et ce droit, comme les droits régaliens eux-mêmes, a pris, à certains moments, une forme féodale.

Les puissances de fraîche date désirèrent marquer d’un signe visible leur union avec le Saint-Siège et s’obligèrent à lui servir une redevance annuelle.

Cette redevance prit bien vite le nom de « cens » et se confondit aussitôt avec les divers revenus d’origine foncière que le Saint-Siège percevait sous ce nom. Elle fut incorporée au domaine, elle compta parmi les rentes de la seigneurie.

Les papes du XIe siècle, et Grégoire VII en particulier, s’efforcèrent de préciser les rapports que marquait ce cens payé à Rome par divers États chrétiens.

Le domaine éminent possédé par l’apôtre sur les monastères censiers se traduisait sans difficulté par la censive. Mais pour des principautés et des royaumes, il paraissait difficile d’admettre que la redevance conservât le caractère d’un simple lien de droit privé.

Les papes y virent un signe de suprématie politique et Grégoire VII réclama le serment d’hommage à Guillaume le Conquérant, comme un suzerain à son vassal.