Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cette thèse de la cour de Rome ne fut pas admise partout sans contestation, et il faut reconnaître qu’elle n’a jamais complètement triomphé[1].

Elle n’en a pas moins dominé pendant plusieurs siècles les relations du Saint-Siège avec la plupart des États européens, et le principe en est clairement énoncé à la première page du Liber censuum.

Le camérier de 1192 a soigneusement relevé tous les cens dus au Saint-Siège, et, sans s’occuper de rechercher l’origine de chacun d’eux, il a consigné dans un même registre le nom de tous ceux qui en étaient grevés, parce que pour lui, comme pour la Chambre Apostolique, les églises, monastères, cités ou royaumes, ainsi rapprochés en vertu d’un symbole unique, étaient tous également du domaine de Saint Pierre, car tous ils étaient, ainsi que l’écrivait le camérier en sa préface, « in jus et proprietatem beati Petri consistentes ».

L’œuvre de Cencius marque, par conséquent, le point d’arrivée d’une longue évolution historique, qui a constitué, au profit du Saint-Siège, une seigneurie d’un caractère spécial et d’une immense étendue.

P. FABRE, Étude sur le Liber censuum de l’Église romaine, Paris, E. Thorin, 1892, in-8º.


IV. — L’EMPEREUR FRÉDÉRIC II.


Pour les bons chrétiens, pour l’Église, pour les guelfes, Frédéric fut une figure de l’Antéchrist. La lutte qu’il soutint contre deux papes inflexibles, Grégoire IX et Innocent IV, eut, aux yeux

  1. La vraie physionomie du Denarius Sancti Petri, avec ses modifications successives, ne se marque nulle part aussi bien que dans l’histoire des relations du Saint-Siège avec l’Angleterre.