Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/259

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je vous le dis en vérité, votre violence, nous la verrons décliner. Rome, que notre vrai sauveur me laisse bientôt voir cette ruine ! »

Mais des cris de guerre et des formules de malédiction sont des témoignages bien vagues pour une recherche de la réalité historique. Il faut laisser retomber la poussière de ce champ de bataille, si l’on veut apercevoir clairement quelle fut l’action de l’empereur contre le Saint-Siège et l’Église chrétienne.

Il est, avant tout, certain qu’il n’a jamais tenté de provoquer un schisme dans l’Église. Il appelait avec mépris Milan « la sentine des patarins ». A ses ennemis implacables, Grégoire IX et Innocent IV, il n’a point opposé d’antipape. Il n’a point soutenu le faux pape de 1227 qui, appuyé par les barons romains, siégea ix semaines à Saint-Pierre. Il invoquait Dieu à témoin de sa fidélité au symbole approuvé par l’Église romaine, selon la discipline universelle de l’Église. Sur son lit de mort, écrit son fils Manfred au roi Conrad, « il a reconnu d’un cœur repentant, humblement, comme chrétien orthodoxe, la sacro-sainte Église romaine, sa mère ». Ainsi, jusqu’à la fin, il maintint son adhésion extérieure au christianisme romain. En 1242, dans le long interrègne qui suivit la mort de Célestin IV, et au moment où il revenait sans cesse en face des murs de Rome, que défendaient contre lui les barons guelfes, il écrivait aux cardinaux d’une façon aussi pressante que saint Louis lui-même, sur la nécessité de rendre sans retard à l’Église son pasteur suprême. Innocent IV élu, il le félicita avec des paroles toutes filiales ; mais, six mois plus tard, il menaçait le Sénat et le peuple romain de sa colère si Rome ne se soumettait point « au maître absolu de la terre et de la mer, dont tous les désirs doivent s’accomplir ». En avril 1244, il annonçait à Conrad sa réconciliation avec le pape, il se réjouissait d’avoir été admis par le pontife, en sa qualité de « fils dévot de l’Église, et comme prince catholique, dans l’unité de l’Église » ; mais il ajoutait : « comme fils aîné et unique, et patron de l’Église, sicut primus et unicus Ecclesie filius et patronus, notre devoir est d’en favoriser la grandeur…. Nous tâchons de toutes nos forces, nous souhaitons d’un cœur sincère