Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/34

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Rhin, l’Angleterre jusqu’à la muraille de Septime Sévère ; l’Espagne entière, moins les provinces basques, et la côte septentrionale de l’Afrique. De grands morceaux de ce vaste territoire lui ont été enlevés, surtout par les Allemands. Il est vrai que plusieurs des pays, jadis romains, où se parle maintenant l’allemand, n’ont jamais été complètement romanisés. Pour l’Angleterre, le fait est certain : quand les légions romaines se furent retirées, l’élément celtique indigène reprit bientôt la prépondérance, et les Romani qui, malgré tout, s’y trouvaient encore en grand nombre, furent absorbés sans doute autant par les Bretons que par les Saxons. — Les pays situés sur la rive gauche du Rhin qui ont été germanisés ne l’ont pas été tous à la même époque ; ils doivent leur germanisation soit à la dépopulation causée par le voisinage menaçant des Barbares (provinces rhénanes, Alsace-Lorraine), soit à l’extermination des habitants romains par les envahisseurs (Flandre). Mais il est sûr, particulièrement pour l’Alsace, que l’établissement germanique avait été précédé par une romanisation à peu près complète. — Les contrées de la rive droite du Danube (Rhétie, Norique, Pannonie) avaient reçu de bonne heure des colonisations germaniques établies par les empereurs eux-mêmes ; devant les invasions, une partie de la population romaine passa en Italie, le reste s’absorba plus ou moins lentement dans le peuple conquérant ; un petit noyau persista dans quelques vallées des Alpes. — Dans les provinces plus orientales, l’élément indigène s’était maintenu comme en Angleterre ; mais la population romaine y avait pris plus de consistance, si bien qu’au milieu des anciens habitants (Albanais) et des masses d’envahisseurs successifs (Germains, Slaves, Hongrois, Turcs), les Roumains réussirent à se maintenir, d’une part en corps de population considérable, d’autre part en petits groupes disséminés très nombreux, et parvinrent même à réoccuper la Dacie de Trajan qu’Aurélien avait fait évacuer à tous les Romani dès le IIIe siècle. — En Afrique, ce ne furent pas les Vandales qui mirent fin au romanisme ; il paraît au contraire probable que, là comme en Espagne et en Gaule, les Germains finirent par se fondre avec les vaincus, et il se serait sans doute formé dans le royaume de Genséric une langue