Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/350

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au palais, dans l’entourage même du roi, comme au dehors, parmi les évêques et les abbés que scandalisait sa conduite. Mais les plus dangereux pour lui se trouvaient dans la famille royale. Elle ne pouvait lui pardonner l’influence sans bornes dont il jouissait auprès de Louis le Gros. Lorsque le roi eut épousé, en 1115, Adélaïde de Maurienne, le crédit du chancelier cessa d’être aussi solide qu’auparavant. Il avait maintenant une rivale. La reine ne tarda pas à prendre sur son mari l’ascendant que lui assurèrent sa conduite, toujours irréprochable, et son heureuse fécondité. Son pouvoir augmenta encore en 1119, lorsque l’avènement de l’archevêque de Vienne, Gui, au trône pontifical fit d’elle la propre nièce du pape.

Étienne de Garlande n’eut pas la souplesse et la prévoyance nécessaires pour se concilier les bonnes grâces d’une personne que sa situation rendait impossible à écarter. Loin de ménager la reine, il se plut, au contraire, à l’irriter par des tracasseries multipliées. Les occasions de conflit entre ces deux puissances rivales durent être nombreuses, bien que l’histoire soit restée muette sur ces incidents.

L’inimitié d’une partie du clergé rendait sa situation encore plus difficile. Comme archidiacre de Notre-Dame, il se trouvait sans cesse en conflit avec l’évêque de Paris, Étienne de Senlis, membre de cette même famille de palatins qui avait été une des premières victimes de l’avènement des Garlande. A cette époque, l’état de guerre tendait à devenir presque normal entre les archidiacres et les chefs des diocèses. Bien que le nom d’Étienne de Garlande ne soit pas mentionné dans les documents relatifs à la querelle de l’évêque de Paris avec l’archidiacre Thibaud Notier, nul doute que le tout-puissant chancelier n’ait joué un rôle prépondérant dans cette affaire, comme dans toutes les circonstances où il s’agissait de diminuer l’autorité épiscopale. C’est lui qui soutint contre l’évêque les prétentions de Galon, le maître des écoles parisiennes ; c’est lui qui, en s’opposant à l’introduction des principes réformistes dans le diocèse et des chanoines de Saint-Victor dans la cathédrale, amena la crise aiguë d’où sortirent l’expulsion d’Étienne de Senlis, l’interdit jeté sur l’évêché de Paris et la menace d’excommunication lancée contre Louis