Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/353

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famille de Senlis rentra en possession de la bouteillerie. Un ordre de la reine prescrivit la destruction de toutes les maisons qu’Étienne avait fait bâtir à Paris avec grand luxe. Ses vignes furent arrachées. On le traitait en ennemi public.

Cependant, Étienne de Garlande n’était pas homme à tomber en silence, avec la résignation du sage. Le coup d’État de Louis le Gros eut pour résultat la guerre civile, guerre obscure et mal connue, qui dura au moins trois ans, de 1128 à 1130. Étienne et Amauri de Montfort n’avaient pas hésité à conclure alliance avec les pires ennemis du roi, Henri Ier et Thibaud IV. Louis, soutenu seulement par son cousin, le comte de Vermandois, Raoul, vint assiéger en personne une des forteresses de la maison de Garlande, Livri en Brie. Grâce à de fréquents assauts et à la supériorité de ses machines de guerre, il finit par emporter la place, qu’il détruisit de fond en comble. Mais il paya cher sa victoire. Raoul de Vermandois y perdit un œil et lui-même eut la jambe percée d’un trait d’arbalète, blessure qu’il supporta avec ce courage stoïque dont il avait déjà tant de fois donné la preuve. La crise que traversait la royauté était alors d’autant plus grave que, tout en faisant la guerre à son sénéchal, le roi se trouvait également au plus fort de sa lutte avec l’évêque de Paris et avec le clergé réformiste. Aussi jugea-t-il nécessaire de profiter d’un moment d’accalmie pour consolider son trône ébranlé par tant de secousses et assurer sa dynastie contre les dangers qu’il prévoyait encore. Le jour de Pâques 1129, son fils aîné, Philippe, âgé de treize ans, jeune homme de haute mine et de grande espérance, fut sacré à Reims et associé à la couronne.

C’était la meilleure réponse que put faire Louis le Gros aux attaques de toute nature dont son pouvoir était l’objet. Étienne de Garlande ne tarda pas à perdre l’espoir, dont il s’était flatté, d’intéresser la nation entière à sa fortune. Il fut obligé de s’humilier, et, pour rentrer en grâce auprès du souverain, de recourir à l’intervention de cette même reine qui avait tant contribué à sa chute. Mais il lui fallut abandonner toute prétention au dapiférat et à la propriété héréditaire de cet office. Son complice, Amauri de Montfort, devait continuer plus longtemps la