Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

résistance. Lorsque, par l’entremise d’Adélaïde et du jeune roi Philippe, la réconciliation d’Étienne avec Louis le Gros fut un fait accompli, le roi, en qui survivait une affection mal éteinte pour la famille de Garlande, montra à l’égard de son ex-ministre une mansuétude peut-être excessive. Ne pouvant lui restituer le titre de sénéchal, il ne craignit pas de le rétablir dans sa fonction de chancelier (1132) et la lui conserva jusqu’à la fin de son règne. Il est vrai qu’à partir de cette époque Étienne n’apparaît plus guère dans l’histoire que comme signataire des diplômes royaux. Son rôle politique est fini ; l’influence et le pouvoir ont passé à d’autres mains. A la mort de Louis le Gros, le sceau royal lui sera enlevé pour être donné au vice-chancelier Algrin. Le tout-puissant favori, l’homme qui avait tenu tête au roi et à l’Église, disparaîtra complètement de la scène, où il avait occupé la première place.

La révolution de palais qui mit fin à la domination d’Étienne de Garlande marque une date décisive dans l’histoire intérieure du règne. D’une part, on ne verra plus se renouveler les convulsions politiques et les luttes intestines auxquelles avait donné lieu jusqu’ici la question toujours brûlante de l’hérédité des grands offices. L’esprit féodal était vaincu sur ce terrain, comme il l’était aussi, d’une autre manière, par l’activité militaire de Louis VI. La royauté, désormais maîtresse de son palais, ne sera plus obligée de confier à des châtelains, plus ou moins ennemis de ses intérêts, les hautes charges de la couronne. Elle ne luttera plus avec eux pour en conserver la propriété. Si elle laisse ces offices se perpétuer dans la même famille, c’est qu’elle le voudra bien, et que les détenteurs ne lui causeront aucune inquiétude ; mais elle le voudra rarement. Tantôt l’office restera vacant ; tantôt il sera dépouillé des pouvoirs effectifs qui y sont joints pour être conféré, à titre purement honorifique, aux grands vassaux de la couronne. A cet égard, Louis le Gros fonda les traditions monarchiques que devaient suivre ses successeurs. Le plus dangereux de ces grands offices, le dapiférat, resta vacant pendant quatre ans, de 1127 à 1131.

Ce n’est pas seulement l’organisation du palais qui fut modifiée au profit du pouvoir royal. De nouvelles influences se firent