Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/355

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jour ; le personnel dirigeant se renouvela et la politique du souverain prit une orientation un peu différente. Pendant les dix dernières années du règne, le gouvernement de Louis VI se montre sensiblement mieux pondéré ; ses actes sont plus réfléchis et plus logiques ; il ne cède plus aussi souvent aux suggestions de la colère ou à l’appât du gain. Les mesures qui sont prises durant cette période portent la marque d’une volonté plus maîtresse d’elle-même et de ses instruments, mieux éclairée sur les véritables intérêts de la monarchie et aussi plus soucieuse de la morale et de la dignité du trône. Ce changement est dû en partie, sans aucun doute, à l’effet naturel de l’âge sur le tempérament et le caractère du prince. Mais il est certain aussi qu’il fut l’œuvre des conseillers et des collaborateurs que Louis le Gros s’adjoignit après la crise où sombra l’ambition des Garlande. A partir de 1128, la haute direction de la politique royale appartint surtout à deux personnages qui n’avaient jusqu’ici figuré qu’au second rang, le comte de Vermandois, Raoul, et l’abbé de Saint-Denis, Suger. L’influence du premier se manifesta en tout ce qui concernait les affaires militaires. Bien que le génie politique du second se soit surtout donné carrière sous le règne de Louis VII, on sait qu’il a pris une part considérable aux événements des dernières années de Louis le Gros.

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Raoul de Vermandois, qui remplaça Étienne de Garlande comme chef de l’armée, était, ce qu’on appellera plus tard « un prince du sang », le propre cousin du roi. Il avait donné depuis longtemps des preuves de son dévouement à la cause royale. Jeune encore, il était venu combattre à côté de son cousin pendant la seconde guerre du Puiset. Quand l’invasion allemande menaça le territoire français, il accourut avec les contingents aguerris que fournissait le territoire de Saint-Quentin, et commanda le corps d’armée où se trouvaient les chevaliers du Ponthieu, de l’Amiénois et du Beauvaisis. Ce Capétien de la branche cadette était, par l’importance de son fief comme par son intré-