Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/356

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pidité personnelle, un des plus fermes soutiens de la dynastie.

Par la situation même de son fief, il était l’ennemi naturel des maisons de Champagne et de Couci ; or, c’est précisément contre ces deux familles que se portèrent les derniers efforts de Louis le Gros. Au dire de Suger, ce fut l’influence prépondérante de Raoul qui détermina le roi à aller forcer dans son repaire le trop fameux Thomas de Marle (1130). Le comte de Vermandois se donna le plaisir de porter le coup mortel à l’ennemi héréditaire de sa maison et de le jeter enchaîné aux pieds du souverain. Deux ans après, une nouvelle expédition, décidée sans doute aussi sur le conseil de Raoul, menaçait le fils de Thomas de Marle, Enguerran de Couci. Louis assiégea la Fère pendant plus de deux mois sans pouvoir s’en rendre maître. A la fin, le comte de Vermandois consentit à un accord qui rétablissait la paix dans ce pays si longtemps troublé. La guerre de 1132 se termina par le mariage d’Enguerran de Couci avec la nièce du sénéchal, singulière issue d’une entreprise militaire qui semblait destinée à satisfaire les intérêts du Vermandois autant que ceux de la monarchie.

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Les services que Suger rendit à Louis le Gros pendant la majeure partie de son règne étaient plus désintéressés. L’homme d’État, que deux rois de France honorèrent du nom d’ami et qui gouverna seul le royaume pendant la seconde croisade, a été naturellement l’objet d’un grand nombre de biographies. Mais ce sont moins des biographies que des éloges composés sans critique et chargés de détails de fantaisie. Il reste à écrire un livre digne de cette grande figure dans laquelle semblent s’être incarnés les qualités séduisantes et le bon sens de notre génie national.

On trouve en Suger le plus frappant exemple de ce que peut obtenir une volonté persévérante mise au service d’une intelligence supérieure. Ce petit homme au corps malingre et chétif, d’une santé toujours fragile, était issu de basse extraction, et ne dut sa fortune qu’à lui-même. Il avait l’esprit vif, la parole