Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/357

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imagée et prompte, une mémoire extraordinaire qui lui permettait de recueillir sans effort les souvenirs littéraires, les faits historiques, les anecdotes, en même temps que les mille détails des affaires confiées à ses soins. Mais il

[Illustration : Suger, d’après un vitrail de Saint-Denis.]

jouissait d’une faculté précieuse, celle de discerner sur-le-champ les idées et les faits qu’il pouvait lui être utile de retenir, et de s’en servir avec précision au moment voulu. Les contemporains ont surtout admiré la facilité de sa parole, cette faconde intarissable et brillante qui le faisait assimiler à Cicéron. Causeur infatigable, il lui arrivait parfois de garder ses auditeurs jusqu’à une heure avancée de la nuit. Il était par excellence « l’avocat » de la cour de Louis le Gros, c’est le titre que lui donne la chronique de Morigni. Chargé d’exposer au roi « les plaintes des églises, de lui présenter les suppliques des pauvres, des veuves et des orphelins », il semble avoir joué au palais le double rôle de « maître des requêtes et de procureur du roi », magistratures qui n’apparaîtront formellement que plus tard dans les institutions capétiennes. Il écrivait d’ailleurs, paraît-il, presque aussi facilement qu’il parlait, et ceux qui l’ont connu ne tarissent pas d’éloges