Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/359

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probablement de l’époque où tous deux vivaient, comme écoliers, dans la grande abbaye capétienne. Aucun texte ne nous renseigne, d’ailleurs, sur leur intimité d’enfance, et tout ce qu’on a dit de Suger à la cour de Philippe Ier est fondé sur l’unique passage où il affirme avoir entendu le souverain maudire devant son fils le donjon de Montlhéry. S’il assista en 1106 au concile de Poitiers, en 1107 à la dédicace de l’église de la Charité et à l’assemblée de Châlons, présidée par Pascal II, ce fut comme « orateur » de l’abbaye de Saint-Denis, comme assesseur de son abbé, Adam, et nullement comme chargé d’affaires de la royauté. Ses fonctions de prévôt de Berneval, terre abbatiale relevant du roi d’Angleterre, puis de prévôt de Touri, en Beauce, le tenaient éloigné du palais, où son nom n’apparaît jamais à cette époque parmi ceux des souscripteurs ou des témoins des diplômes royaux. Le rôle qu’il joua auprès du roi pendant les guerres du Puiset s’explique naturellement par sa situation d’administrateur et de défenseur des territoires que l’abbaye possédait en Beauce. Ce n’est qu’en 1118 que Suger paraît avoir été pour la première fois chargé d’une mission diplomatique par le gouvernement de Louis le Gros. Il reçut l’ordre de se rendre à Maguelone pour souhaiter la bienvenue au pape Gélase II. Le roi l’employa dès lors constamment dans toutes les circonstances où il fallut entrer en rapport avec les différents pontifes qui se succédèrent sur le trône de saint Pierre. Mais il faut noter que ce rôle de négociateur des affaires ecclésiastiques et d’ambassadeur auprès du Saint-Siège ne fut pas dévolu exclusivement à l’abbé de Saint-Denis. Louis le Gros délégua aussi dans cet office les chefs des grandes communautés parisiennes, les abbés de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Victor, de Saint-Magloire, le prieur de Saint-Martin-des-Champs.

Lorsqu’en 1122 Suger eut été élu comme abbé sans que les électeurs eussent requis au préalable l’agrément du roi, le nouveau dignitaire put craindre que ce procédé n’attirât sur lui-même et sur l’abbaye les persécutions du pouvoir laïque. Il en fut quitte pour la peur ; l’amitié, ici, fut plus forte que les nécessités de la politique. En venant prendre l’oriflamme sur