Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/371

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le Breton, ayant rempli des vases avec des charbons ardents, les ferma et les frotta de bitume à l’extérieur avec une telle adresse, qu’il devenait impossible à l’eau de les pénétrer. Alors il attache autour de son corps la corde qui suspendait ces vases, et plongeant sous l’eau, sans être vu de personne, il va secrètement aborder aux palissades élevées, en bois et en chêne, qui enveloppaient d’une double enceinte les murailles du châtelet. Puis, sortant de l’eau, il va mettre le feu aux palissades, vers le côté de la roche Gaillard qui fait face au château, et qui n’était défendu par personne, les ennemis n’ayant nullement craint une attaque sur ce point…. Tout aussitôt le feu s’attache aux pièces de bois qui forment les retranchements et aux murailles qui enveloppent l’intérieur du châtelet. » La petite garnison de ce poste ne pouvant combattre les progrès de l’incendie, activé par un vent d’est violent, dut se retirer comme elle put sur des bateaux. — Après ces désastres, les habitants du Petit-Andely n’osèrent tenir, et Philippe Auguste s’empara en même temps et du châtelet et du bourg, dont il fit réparer les défenses pendant qu’il rétablissait le pont. Ayant mis une troupe d’élite dans ces postes, il alla assiéger le château de Radepont, pour que ses fourrageurs ne fussent pas inquiétés par sa garnison, s’en empara au bout d’un mois, et revint au château Gaillard. Mais laissons encore parler Guillaume le Breton, car les détails qu’il nous donne des préparatifs de ce siège mémorable sont du plus grand intérêt.

« La roche Gaillard cependant n’avait point à redouter d’être prise à la suite d’un siège, tant à cause de ses remparts que parce qu’elle est environnée de toutes parts de vallons, de rochers taillés à pic, de collines dont les pentes sont rapides et couvertes de pierres, en sorte que, quand même elle n’aurait aucune autre espèce de fortification, sa position naturelle suffirait seule pour la défendre. Les habitants du voisinage s’étaient donc réfugiés en ce lieu, avec tous leurs effets, afin d’être plus en sûreté. Le roi, voyant bien que toutes les machines de guerre et tous les assauts ne pourraient le mettre en état de renverser d’une manière quelconque les murailles bâties sur le sommet du rocher, appliqua toute la force de son esprit à chercher d’autres