Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

romaine ne dépassent guère l’étendue qu’occupe aujourd’hui le territoire d’un village. Beaucoup n’ont que celle de nos petits hameaux. Et au-dessous de ceux-ci il existe encore un bon nombre de propriétés plus petites. Il est aussi une remarque qu’on doit faire. Nous savons par les écrivains du IVe siècle qu’il s’est formé à cette époque une classe de très riches propriétaires fonciers. C’est un des faits les plus importants et les mieux avérés de cette partie de l’histoire. Or, ces grandes fortunes, sur lesquelles nous avons quelques renseignements, ne se sont pas formées par l’extension à l’infini d’un même domaine. C’est par l’acquisition de nombreux domaines fort éloignés les uns des autres qu’elles se sont constituées. Les plus opulentes familles de cette époque ne possèdent pas un canton entier ou une province ; mais elles possèdent vingt, trente, quarante domaines épars dans plusieurs provinces, quelquefois dans toutes les provinces de l’empire. Ce sont là les patrimonia sparsa per orbem dont parle Ammien Marcellin. Telle est la nature de la fortune terrienne des Anicius, des Symmaque, des Tertullus, des Gregorius en Italie ; des Syagrius, des Paulinus, des Ecdicius, des Ferreolus en Gaule.

      *       *       *       *       *

La villa, le domaine rural, était un organisme assez complexe. Il contenait, autant que possible, des terres de toute nature, champs, vignes, prés, forêts. Il renfermait aussi des hommes de toutes les conditions sociales, esclaves sans tenure, esclaves tenanciers, affranchis, colons, hommes libres. Le travail s’y faisait par deux organes bien distincts, qui étaient, l’un le groupe servile ou familia, l’autre la série des petits tenanciers. Le terrain y était aussi divisé en deux parts, l’une qui était aux mains des tenanciers, l’autre que le propriétaire gardait dans sa main. Il faisait cultiver celle-ci, soit par le groupe servile, soit par les corvées des tenanciers, soit enfin par une combinaison de l’un et de l’autre système. Il y avait, en ce dernier cas, un groupe servile peu nombreux, auquel venaient s’ajouter les bras des tenanciers dans les moments de l’année où il fallait beau-