Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/418

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adoptant tous les arguments et reproduisant le récit des faits que lui avait fournis Jean sans Terre, exposa que le roi avait été contraint par la force et par la crainte, « qui peut tomber même sur l’homme le plus courageux » ; il réprouva et condamna le pacte de Runnymead ; il défendit, sous menace de l’anathème, au roi de l’observer, et aux barons d’en exiger l’observation. En même temps, il rappela aux barons dans une seconde bulle (25 août) que la suzeraineté de l’Angleterre appartenait à l’Église romaine, qu’on ne pouvait opérer dans le royaume aucun changement préjudiciable aux droits de l’Église, que le traité passé avec le roi « était non seulement vil et honteux, mais encore illicite et inique » ; il les invita donc à « faire de nécessité vertu », à renoncer à la Grande Charte et à donner au roi toutes satisfactions légitimes pour les dommages qu’il avait subis.

Puis, au concile de Latran, il excommunia les barons anglais « qui persécutaient Jean, roi d’Angleterre, croisé et vassal de l’Église romaine, en s’efforçant de lui enlever son royaume, fief du Saint-Siège ». Il n’épargna même pas l’archevêque de Cantorbéry, Etienne de Langton, qui, en réalité dirigeait depuis deux ans l’opposition parlementaire. Langton se rendit à Rome pour se justifier. Son départ, en privant les grands de leur chef le plus respecté, désagrégea le parti ; quelques-uns revinrent au roi ; les plus déterminés appelèrent Louis de France, et de réformateurs devinrent révolutionnaires.

CH. BÉMONT, Chartes des libertés anglaises, Paris, A. Picard, 1892, in-8º. Introduction.