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IV. — LES PROPOS DE MAÎTRE ROBERT DE SORBON.


Robert de Sorbon, fondateur du collège appelé de son nom la maison de Sorbonne, doit toute sa gloire à cette fondation généreuse ; il n’en doit rien à ses écrits. Il s’y trouve pourtant des parties très intéressantes. Un témoin digne de toute confiance, Joinville, rapporte que Robert avait « grant renommée d’être preud’homme » ; il nous atteste, en outre, que, très sûr de posséder un cœur droit et de voir en conséquence les choses comme elles sont, louables ou blâmables, il était habituellement très libre dans ses discours et dans ses actes. Eh bien ! tel est-il dans les divers écrits qu’il nous a laissés, dans ses sermons et même dans ses traités dogmatiques : d’une part, honnête, très honnête, nullement casuiste, n’enseignant jamais qu’une morale, la stricte observance des dix commandements, et, d’autre part, caustique, enjoué, abondant en vives saillies et propos badins sur le compte d’autrui. Nous ne croyons pas qu’on se représente tout à fait ainsi le créateur de la Sorbonne. On ne connaît guère qu’un côté du personnage. C’est pourquoi nous voulons montrer ici l’autre côté, celui qu’on ne connaît pas !

Quoique chanoine de Paris, c’est-à-dire grand dignitaire d’une église opulente et fastueuse, quoique vivant à la cour dans la familiarité des seigneurs et du roi, quoique devenu riche après avoir été pauvre, il avait conservé le goût de la simplicité, sans se laisser atteindre par la contagion des mœurs séculières. C’était une des formes de sa prud’homie. En cela tous les clercs attachés à la cour ne lui ressemblaient pas. « Il faut bien, disaient-ils, hurler avec les loups. — Non, non, leur répondait-il : Vivez avec les loups, soit, mais pour les convertir en agneaux ; sinon tenez pour certain qu’ils vous mangeront. » Fit-il, pour sa part, des conversions nombreuses ? nous n’en pouvons à la vérité citer