Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/470

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mort du diable, » mais l’honnête homme ressemble à l’abeille, qui, de toute fleur où elle se pose, recueille du miel. »

Il ne devait pas épargner davantage les prêteurs d’argent, qu’on appelait alors usuriers. « Je professe, disait-il, que tous les usuriers, les thésauriseurs, qui détiennent la chose d’autrui, sont des larrons, et qu’au jour de la mort le prévôt de l’enfer, c’est-à-dire le diable, les saisira comme des larrons pour les conduire à ses gibets. Ils ont maintenant les mains si serrées que rien ne s’en échappe ; mais, à leur mort, on ouvrira leurs coffres, qu’ils ont tenus si bien fermés, pour en extraire les richesses qui leur étaient chères comme leurs entrailles. Je les compare à des pourceaux, qui sont, tant qu’ils vivent, de grande dépense. Un pourceau coûte beaucoup à celui qui le veut bien nourrir, et pourtant il ne rapporte rien tant qu’il vit, et ne fait que souiller la maison. Mais un pourceau mort est de grand prix ! » Or n’omettons pas de rappeler quelle était alors la définition de l’usure. Usurier est quiconque prête sous la condition d’un remboursement avec intérêt. Tout ce qu’on a le droit d’exiger, c’est la restitution du capital prêté. En outre, Robert ne manque pas de le dire, usurier est quiconque vend une chose à terme au-dessus du cours actuel, ou l’achète au-dessous, spéculant sur la détresse de son prochain, avec l’espoir d’en tirer un prix supérieur. Il y avait à ce compte, nous n’en doutons guère, un très grand nombre d’usuriers. Qui même ne l’était pas ? Qui ne l’est parmi les trafiquants de toute sorte, et les plus humbles rentiers, ne les omettons pas, étant donnée la définition de l’usure ? Ainsi que de larrons, que de butin pour le prévôt de l’enfer ! On ne peut être surpris ensuite d’entendre Robert s’écrier : « Non, pas un homme sur cent n’est en route pour le paradis. Je regrette d’être obligé de le dire ; mais je ne puis le taire, parce que c’est la vérité ».

Sur les devoirs professionnels, le langage de Robert n’est pas moins véhément, surtout lorsque le prud’homme censure les gens de sa robe, clercs de tout rang, recteurs de paroisses, confesseurs, maîtres-régents. S’agit-il des moines ? Ce sont des insolents, des baguenaudiers, à qui rien ne déplaît autant que d’assister aux offices. « Un prédicateur étant venu leur faire un