Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/481

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Guillaume de Saint-Amour propose de comparaître devant le roi, les princes et les prélats réunis. Ce n’est pas un moyen détourné de rentrer dans le royaume ; car on pourra bien l’exiler de nouveau après l’avoir entendu.

    Et vous tous, qui mes vers oyez,
    Quand Dieu se montrera cloué,
    Le jour du dernier jugement,
    Pour lui demandera justice,
    Et vous, sur ce que je raconte,
    Vous en aurez et peur et honte.
    Quant à moi, bien le puis-je dire,
    Point ne redoute le supplice
    De la mort, d’où qu’elle me vienne,
    Si elle me vient pour telle affaire.

Le rôle prêté à saint Louis par Rutebeuf n’est pas tout à fait conforme à l’idée qu’on peut s’en faire d’après les pièces officielles qui nous ont été conservées. On sait d’ailleurs que saint Louis, malgré sa piété, fit toujours preuve d’une grande fermeté dans ses relations avec le haut clergé et avec le pape. Alexandre IV avait en effet enjoint au roi « pour la rémission de ses péchés » d’expulser Guillaume de Saint-Amour et même de l’emprisonner. Mais il est permis d’inférer d’un autre bref du pape, postérieur d’un an au premier, que le roi s’y était refusé ; il avait répondu à Alexandre IV non pas en lui demandant lui-même d’exiler Guillaume, comme on l’a dit par une interprétation inexacte du texte, mais en lui faisant remarquer qu’il n’avait qu’à défendre à Guillaume, en vertu de son autorité pontificale, de pénétrer dans le royaume.

C’est seulement après la mort d’Alexandre et de son successeur immédiat, que Guillaume de Saint-Amour revint à Paris, où on lui fit une réception triomphale. Quant à son livre sur les Périls des derniers temps, tous les exemplaires n’en avaient pas été brûlés, car il fut imprimé au XVIe et au XVIIe siècle, et il fut poursuivi à cette époque comme au temps de sa nouveauté. On le dénonça à Louis XIII, qui, par un arrêt rendu en Conseil privé, rappela la condamnation prononcée par Alexan-