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dre IV, ordonna de saisir tous les exemplaires, et défendit aux libraires de le mettre en vente, sous peine de mort.

On peut conjecturer que la persécution dirigée contre Guillaume de Saint-Amour atteignit aussi son défenseur intrépide, Rutebeuf. Une bulle d’Alexandre IV ordonnait de brûler à Paris non seulement le livre des Périls, mais aussi des « chansons et rythmes inconvenants » composés contre les frères Prêcheurs et Mineurs. Rien n’établit absolument que les satires de Rutebeuf fissent partie des rythmes réprouvés ; mais il se plaint à plusieurs reprises de ne plus pouvoir parler librement. Toutefois, l’existence même des poésies de Rutebeuf, et de beaucoup d’autres aussi hardies, prouve que nos ancêtres du XIIIe siècle jouissaient encore d’une grande liberté de parole, toutes les fois que la croyance et le dogme n’étaient pas en jeu.

L. CLÉDAT, Rutebeuf, Paris, Hachette, 1891, in-16. Passim.


VI. — LA SCIENCE AU MOYEN ÂGE.


Au IVe siècle, lorsque les ténèbres s’épaississaient déjà dans l’Occident latin et lorsqu’on songeait à réduire autant que possible le bagage qu’il s’agissait de sauver du naufrage, il se fit un retour vers les idées pythagoriciennes. Martianus Capella, Boëce, et, à leurs exemples, les premiers instituteurs des écoles claustrales, adoptèrent une table des sept arts libéraux, distribués en deux groupes, le trivium et le quadrivium, savoir :

TRIVIUM. La grammaire, la rhétorique, la logique.

QUADRIVIUM. L’arithmétique, la géométrie, l’astronomie, la musique.

Le quadrivium était l’encyclopédie mathématique, telle qu’un disciple de Pythagore pouvait la concevoir ; c’était le corps de la science ou des sciences par excellence, des seules qui dussent, jusqu’à l’avènement des temps modernes, mériter vraiment le nom de science. Mais il faut, pour que la culture des sciences