Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/495

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prima autem causa Deus est. Est igitur ultimus finis hominis cognoscere Deum. »

…Tout en dissertant à loisir sur les attributs divins, Thomas sait bien que nous ne pouvons pas connaître Dieu d’une manière adéquate, et cependant il nous faut ordonner l’ensemble de nos pensées et de nos croyances sur cette idée que nous n’avons pas. De propos délibéré, Thomas lui cherche un succédané dans un anthropomorphisme qui a rendu sa philosophie accessible au vulgaire, et par là doit avoir contribué, pour une grande part, à sa merveilleuse fortune. Nous ne connaissons Dieu que dans ses œuvres ; dès lors, c’est de la plus parfaite de ses œuvres qu’il faut nous aider pour nous faire une idée de ses perfections ; il nous faut donc concevoir Dieu d’après l’analogie de l’esprit humain.

Cette conclusion place la théologie de saint Thomas dans la dépendance de sa psychologie, laquelle, au jugement des panégyristes les plus jaloux d’établir l’indépendance philosophique de ce docteur, est foncièrement péripatéticienne. Quels que soient les soins apportés à corriger les conclusions d’Aristote inconciliables avec la doctrine de l’Église, la racine de ce système théologique plonge ainsi dans l’hellénisme païen….

Le Docteur Angélique était sans doute un chrétien ; il était pieux, de cette piété du moyen âge faite d’ascétisme et de contemplation, qui est bien malgré tout une forme du christianisme, puisque c’est une forme de l’amour. Rien ne ressemble moins à la vie de Jésus-Christ, telle que les plus anciens documents nous la représentent, que celle de son disciple dans l’Imitation. Ce livre nourrira néanmoins l’activité pratique des chrétiens les plus généreux, parce qu’il est tout pénétré d’un amour sincère, auquel, malheureusement, il ne sait assigner qu’un stérile emploi. Thomas touche à l’Imitation par quelques côtés de sa théologie, mais l’esprit général en est différent : l’amour n’est pas le but à ses yeux ; l’amour n’exprime pas la nature divine. Tout pour lui revient à l’intelligence. La pensée de la pensée a fasciné son âme. Le dernier mot de sa théologie est dicté par le paganisme….

L’Ange de l’École a triomphé par la puissance du péripaté-