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II. — LA BIBLE FRANÇAISE AU MOYEN ÂGE.


Les origines de la Bible française remontent, pour le moins, aux premières années du XIIe siècle. Ce fut sans doute aux environs de l’an 1100, dans quelque abbaye normande du sud de l’Angleterre, que des disciples de Lanfranc traduisirent le Psautier dans leur langue, alors fort peu différente de celle qui était parlée dans l’Ile-de-France. Ils en firent même une double version, répondant à deux des textes latins sous la forme desquels circulait alors le Psautier. C’est la glose écrite entre les lignes du Psautier gallican (on appelait ainsi l’ancien texte latin, corrigé par saint Jérôme à l’aide du grec des Septante) qui est devenue le Psautier français du moyen âge. Telle fut la popularité de cette antique version normande que, jusqu’à la Réforme, il ne s’est pas trouvé un homme pour traduire à nouveau les Psaumes en français.

Cinquante ans après le Psautier, l’Apocalypse était à son tour traduite en français dans les États normands. Cette traduction, dont le seul mérite est d’avoir servi de texte à des illustrations admirables, s’est perpétuée à travers tout le moyen âge sous le couvert de la Bible du XIIIe siècle. En même temps, dans l’Ile-de-France ou en Normandie, un homme de goût composait cette poétique traduction des quatre livres des Rois, qui est un des plus beaux monuments de notre ancienne langue.

Un peu plus tard, vers l’an 1170, le chef des « pauvres de Lyon », Pierre Valdus, entreprit de faire traduire des extraits de la Bible pour les gens simples et ignorants. Il n’était pas le seul qui fût occupé de cette pensée. Des bords du Rhône aux bouches de la Meuse, on s’appliquait de toutes parts à la traduction de la Bible. Les persécutions ordonnées par Innocent III mirent fin à ce mouvement, dont quelques fragments de traduction, échappés aux inquisiteurs de Metz ou de Liège, nous ont seuls conservé le souvenir.