Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/521

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des constructions bien antérieures à l’âge dit de transition. Les plus anciennes parties de Notre-Dame de Cunault, qui appartiennent au XIe siècle, sont dans ce cas.

Et la nef de la cathédrale du Mans ! — Antérieurement à la période convenue de la transition, elle a été reconstruite avec des arcs brisés par-dessus les ruines encore distinctes d’un édifice en plein cintre qui s’était écroulé.

Et notre église de Saint-Martin-des-Champs, la plus ancienne de Paris (je lui donne le pas sur Saint-Germain-des-Prés, à qui des restaurations sans nombre ont fait perdre son caractère primitif), notre église de Saint-Martin-des-Champs, dans le sanctuaire de laquelle il est impossible de ne pas voir l’ouvrage consacré avec tant de solennité en 1067, présents le roi Philippe Ier et sa cour, les baies de ses fenêtres sont brisées à l’extérieur, et à l’intérieur, toutes ses arcades. Est-ce que la même forme ne se retrouve pas au tympan de la porte à droite du grand portail de Notre-Dame, que l’abbé Lebeuf a très bien reconnu être un morceau rapporté de l’église précédente, rebâtie tout au commencement du XIIIe siècle ?

En allant au nord de Paris, surtout quand on atteint la vallée de l’Oise, on rencontre tant d’édifices du XIe siècle qui offrent ou des arcades, ou des arcs-doubleaux, ou des fenêtres d’un cintre brisé, qu’on peut poser le principe que cette forme d’arc est caractéristique du roman de ce pays-là. Je renvoie aux églises de Saint-Vincent de Senlis, de Villers-Saint-Paul, de Bury, de Saint-Étienne de Beauvais, de Saint-Germer, etc., etc. La nef de Saint-Rémi de Reims, la crypte de Saint-Bavon de Gand (autrefois Saint-Jean), la croisée de la cathédrale de Tournay, la chapelle dite des Templiers à Metz, l’église de Sainte-Foi à Schelestadt, nous montrent l’arc brisé employé en Champagne, en Flandre, en Hainaut, en Lorraine, en Alsace dès le XIe siècle.

En résumé, l’arc brisé a été employé d’une manière systématique dans une bonne moitié de nos églises romanes, tandis que l’autre moitié est sujette à présenter accidentellement la même forme d’arc.

Donc, en supposant que ogive et ogival pussent légitimement s’appliquer à l’arc brisé et aux constructions pourvues de cet arc,