Des candidats, rejetés à la suite d’examens encore moins brillants que le précédent, en appelèrent au pape. Ces appels étaient une arme dont s’emparaient tous ceux qui se trouvaient atteints par la juste sévérité de l’archevêque. Mais il ne s’en mettait guère en peine, car il jouissait du plus haut crédit à la cour de Rome ; et comme on avait subrepticement obtenu contre lui quelques lettres du pape pour le faire comparaître devant des juges étrangers, Innocent IV, le 2 des kalendes d’avril 1250 révoqua ces lettres et défendit qu’on le mît en cause hors de son diocèse….
L. DELISLE, Le clergé normand au XIIIe siècle, dans la Bibliothèque de l’École des chartes, 1846.
Le bourgeois de Paris, au XIIIe siècle, a déjà quelque chose du type
de l’esprit fort moderne. Tout en conservant la foi de ses pères, il
affiche pour les sermons et les sermonnaires un certain dédain. Voit-il
un prêtre monter en chaire ? Il lui tourne le dos, et sort de l’église
jusqu’à ce que sa parole ait cessé de retentir ; habitude commune, du
reste, aux importants de plus d’une cité. Il a confiance dans les
avantages que lui donnent sa richesse et les privilèges enviés de sa
caste. Un bourgeois du roi ! Malheur à qui l’offense ! Le téméraire est
aussitôt traîné devant le souverain, il est atteint et convaincu d’avoir
enfreint les libertés de la ville, il est frappé dans sa personne et
dans ses biens. Parfois, cependant, ces poursuites judiciaires tournent
au détriment du plaignant, et l’agresseur est renvoyé absous. Inde iræ ! Toute l’histoire du temps est remplie de querelles semblables
entre la jeunesse turbulente des écoles et la fière bourgeoisie de la
capitale. La noblesse se permet aussi de violer les franchises : elle
n’en est pas toujours punie, mais elle n’échappe pas au jugement. Un
chevalier, passant un jour sur un des ponts de Paris, rencontre un
bourgeois blasphémant à outrance ; la colère l’emporte, et, d’un coup de
poing, il lui