Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/72

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désuétude. Assister à la célébration des mystères sacrés est une sorte d’acte matériel : l’Église en fait une obligation et elle multiplie les fêtes, qui deviennent de plus en plus brillantes.

Peu à peu se forme une coutume de la dévotion, — consuetudo devotionis, comme dit le pape Léon le Grand, — qui devient obligatoire comme la loi elle-même, car l’Église la fait procéder de la tradition apostolique et de l’enseignement du Saint-Esprit. Les manifestations extérieures prennent une grande importance. Dans la primitive Église, l’ascétisme était honoré comme un moyen de parvenir à la vertu, mais il n’était imposé à personne ; désormais il est prescrit par toutes sortes de règles minutieuses. La renonciation au monde et l’absolu mépris de la chair, manifesté par l’horreur croissante pour le mariage qui est rabaissé à la qualité d’une infirmité nécessaire, sont réputées les plus hautes des vertus ; ce sont des vertus moindres que le jeûne et l’abstinence ordonnés à certains jours de la semaine et à certaines époques de l’année. L’aumône elle-même n’est plus libre. Conformément à l’usage de toute l’antiquité païenne et pour obéir à la loi de Moïse, qui a dit : « Tu ne te présenteras pas devant le Seigneur les mains vides », l’Église réclame les prémices et la dîme.

Il y a péril certain que le fidèle qui paye la dîme, jeûne aux jours prescrits et assiste exactement aux offices divins, n’estime avoir rempli son devoir de chrétien. Plus nombreuses et plus rigoureuses sont les obligations extérieures, plus vague et plus insaisissable est le vrai devoir intime. Déjà, d’ailleurs, l’Église offre à la conscience du pécheur le facile moyen de s’apaiser. On trouve dans saint Ambroise la redoutable formule : « Tu as de l’argent, rachète ton péché, » et Salvien enseigne dans son traité de l’Avarice que la libéralité envers l’Église est le plus sûr moyen de se rédimer du péché. Mais c’est dans le culte des saints qu’apparaît le mieux le caractère grossier des actes matériels de foi. Le contact d’une relique miraculeuse ne procure pas seulement la guérison d’une maladie ; il a des effets bienfaisants sur l’âme elle-même. Grégoire le Grand, envoyant à un roi barbare des parcelles des chaînes du bienheureux