Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/78

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sont pervers qui nient la Trinité « reconnue par Moïse dans le buisson ardent, suivie par le peuple dans la nuée, contemplée avec terreur par Israël sur la montagne, prophétisée par David dans le psaume ». Grégoire ne se lasse pas de répéter qu’il suffit d’être un hérétique pour être puni en ce monde et dans l’autre, et il donne ses preuves : l’arien Alaric a perdu tout à la fois son royaume et la vie éternelle, pendant que Clovis, avec l’aide de la Trinité, a vaincu les hérétiques et porté les limites de son royaume aux confins de la Gaule. Grégoire ne dit point que Clovis soit au paradis dans la gloire éternelle, mais certainement le soupçon ne lui est pas même venu que ce confesseur de la Trinité pût être relégué dans les enfers et avec la foule de ceux qui l’ont blasphémée.

Après l’orthodoxie, la vertu principale aux yeux de Grégoire est le respect de l’Église orthodoxe, de ses ministres, de ses droits, de ses privilèges et de ses propriétés. Malheur à celui qui désobéit à un évêque, car il est frappé tout de suite comme un hérétique ! Un misérable conspirait contre son évêque : il fut trouvé, le matin du jour fixé par le crime, mort sur une chaise percée, et, comme l’hérésiarque Arius avait fini de cette laide façon, Grégoire, dont la logique a de ces surprises, conclut de l’identité du châtiment à l’identité du crime : « On ne peut, dit-il, sans hérésie désobéir au prêtre de Dieu. » Malheur à qui viole l’asile d’une église ! Le saint auquel elle est consacrée ne tolère pas ce sacrilège. Un homme poursuit son esclave dans la basilique de saint Loup ; il saisit le fugitif et le raille : « La main de Loup ne sortira pas de son tombeau pour t’arracher de ma main ! » Aussitôt ce mauvais plaisant a la langue liée par la puissance de Dieu ; il court par tout l’édifice en hurlant, car il ne sait plus parler comme les hommes : trois jours après, il meurt dans des tourments atroces. Malheur à qui touche aux biens de l’Église ! Nantinus, comte d’Angoulême, s’est approprié des terres ecclésiastiques ; il est brûlé par la fièvre, et son corps tout noirci semble avoir été consumé sur des charbons ardents. Un agent du fisc s’empare de béliers qui appartenaient à saint Julien ; le berger les veut défendre, disant que le troupeau est la propriété du martyr : « Est-ce que tu crois, répond le facé-