Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

écrivains chrétiens, d’une histoire universelle qui commence avec l’univers même et qui est terminée à la mort de saint Martin. Les premiers mots sont : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre, » et les derniers : « Ici finit le livre premier, qui contient 5546 années, depuis le commencement du monde jusqu’au passage en l’autre vie de saint Martin l’évêque. » A travers le récit des guerres et des crimes, Grégoire suit l’action miraculeuse du saint. C’est auprès de Tours, et après avoir défendu comme le plus grand des crimes d’offenser saint Martin, que Clovis a remporté sa plus grande victoire. C’est à Tours qu’il a reçu les insignes proconsulaires et célébré son triomphe. Même les plus méchants parmi les rois ont des égards pour Martin : un jour, Chilpéric lui a demandé conseil par une lettre qu’il a déposée sur le tombeau avec une feuille blanche réservée à la réponse ; mais l’envoyé du méchant prince attendit en vain trois journées ; la feuille resta blanche, car le saint réservait ses faveurs à ceux qui l’honoraient d’une dévotion sincère. Grégoire ne doute pas que son patron ne soit attentif à toutes choses, aux petites comme aux grandes, et il lui demande protection, conseil, aide contre tous les maux et en particulier contre la maladie. Il a été guéri d’une dysenterie mortelle en buvant une potion où a été versée de la poussière recueillie sur le tombeau. Trois fois, le simple contact avec la tenture suspendue devant ce tombeau l’a guéri de douleurs aux tempes. Une prière faite à genoux sur le pavé avec effusion de larmes et de gémissements, et suivie de l’attouchement de la tenture, l’a débarrassé d’une arête qui lui obstruait le gosier au point de ne pas laisser pénétrer même la salive : « Je ne sais pas ce qu’est devenu l’aiguillon, dit-il, car je ne l’ai ni vomi ni senti passer dans mon ventre. » Un jour que sa langue tuméfiée remplissait sa bouche, il l’a ramenée à l’état naturel en léchant le bois de la barrière qui entourait le sépulcre. Saint Martin ne dédaigne pas de guérir même les maux de dents, et Grégoire, reconnaissant de tous ces bienfaits, émerveillé de cette puissance, s’écrie : « O thériaque inénarrable ! ineffable pigment ! admirable antidote ! céleste purgatif ! supérieur à toutes les habiletés des médecins, plus suave que les aromates, plus fort que tous les onguents réunis ! tu nettoies le