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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/160

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conclure qu’à la cour d’Autriche, on ne croyait pas non plus à la mort de Louis XVII. Il est vrai que, quelques semaines plus tard, vers la fin de janvier 96, elle se décida à prendre des vêtements noirs. Ce fut sans doute en raison d’observations ou d’injonctions de son très cher oncle, poussé par le besoin de faire cesser un démenti trop flagrant à sa prétention d’être Louis XVIII. Mais ce changement tardif ne fait qu’accentuer la signification de ce qui s’était passé jusque-là[1]. Tout concourt à établir — ce qui suffit ici, — que, tout au moins pendant une période assez longue, la croyance à l’évasion fut presque universelle[2].

  1. Chose bien remarquable : cette prise de deuil coïncide avec un bruit singulier qui se répandit, d’une abdication du comte de Provence et du comte d’Artois, au profit du duc d’Angoulême, désigné pour épouser Madame Royale (v. Append. n° 10). Il est impossible de traiter ici avec les développements qui seraient nécessaires, la question des intrigues auxquelles fut mêlée, avec ou sans son aveu, Madame Royale.
  2. À cette même époque, fut frappée à Berlin, par le graveur de la cour, Loos, une médaille dont la signification est très claire, en raison surtout de ce qu’elle formait, pour ainsi dire le dernier chapitre d’une histoire numismatique, commencée l’année précédente. Le même Loos avait alors frappé une première médaille, portant, à l’avers, les effigies réunies de Louis XVII et de sa sœur, Madame Royale, et représentant, au revers, une draperie tendue, avec ces mots gravés au-dessous : « Quand sera-t-elle levée ? » C’était assez indiquer qu’un mystère se préparait au Temple. — La seconde médaille, frappée en 1795, porte, à l’avers, l’effigie de Louis XVII, avec cette légende : « Louis, second fils de Louis XVI, né le 27 mars 1785 », et au revers, la même draperie, mais relevée et qui découvre un cercueil, sur le bord duquel s’appuie un ange, qui, de la main droite, grave sur une tablette le dernier trait de ces mots : « Redevenu libre le 8 juin 1795 » ; le pied gauche de l’ange repousse une torche funéraire, jetée à terre comme inutile ; et sur la paroi du cercueil est posé un livre ouvert sur les pages duquel on lit, inscrits suivant