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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/287

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lèrent en déposant leurs armes ; Sombreuil marchait en tête.

« Hoche exposa la demande de Sombreuil d’être conduit, ne fût-ce que pour une heure, à la flotte anglaise, afin de démasquer les auteurs de la catastrophe… Les représentants refusèrent… Sombreuil, ensuite, remit son sabre entre les mains de Tallien, après en avoir religieusement baisé la lame à demi sortie du fourreau[1]… » « Que votre famille est malheureuse ! » lui dit Tallien. « J’espérais la venger », répondit Sombreuil. Rouget de Lisle ajoute que « cette douloureuse cérémonie terminée, la conversation s’établit à peu près sur le pied de la familiarité » ; il résulte d’autres relations que Hoche resta aussi auprès de Sombreuil et ne cessa de le traiter avec égards et respect.

Il était à peu près onze heures du matin. L’ordre de départ fut donné.


« Du Fort-Neuf, — dit Rouget de Lisle, — nous retournâmes au fort Penthièvre. Le général marchait

  1. Ces détails sont donnés par Rouget de Lisle. Et ici encore, son récit prouve que la conversation entre Hoche et Sombreuil avait précédé la reddition, ce qui concorde du reste avec plusieurs autres relations, d’après lesquelles la demande de Sombreuil avait été motivée par l’offre de porter lui-même l’ordre de cesser le feu des frégates. Cette version est évidemment beaucoup plus vraisemblable. On ne s’expliquerait guère, en aucune circonstance, un général prisonnier espérant obtenir sa liberté sur parole pour aller démasquer les auteurs de la catastrophe à laquelle il succombe. Dans le cas présent, ce motif allégué eût été précisément ce qui devait faire rejeter sa demande. Il ne pouvait convenir ni à Tallien, ni à Hoche, de permettre une explication entre Puisaye et Sombreuil, qui eût amené presque nécessairement la divulgation de secrets que peut-être ce dernier ignorait encore.