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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/336

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« Je ne trouve plus dans la garnison, aucun officier pour remplacer les juges commissaires que j’ai été forcé de destituer[1]. »


On peut donc, tant que l’on voudra, mettre en doute la personnalité d’un « prétendu Laprade », ou d’un « certain Douillard ». Il serait, à vrai dire, bien extraordinaire que ces noms eussent été faussement appliqués aux officiers dont les actes ont été rapportés. Mais, après tout, la question des noms est de nulle importance, si les actes qu’on leur attribue ne peuvent être niés. Or, le fait d’une première commission qui s’est récusée, est établi par le témoignage de Rouget de Lisle ; et le fait de nominations refusées postérieurement est constaté par le rapport officiel de Lemoine.

Il est de toute évidence que ces récusations, ces refus de nominations, ces destitutions se lient ; que tout cela procède de la même cause.

Il est impossible de n’en pas conclure que l’opinion générale de l’armée était fortement prononcée dans le sens de la capitulation ; que, chez les officiers comme chez les soldats, les sentiments d’honneur et de loyauté militaire étaient violemment soulevés contre

  1. Un extrait du rapport du procureur-syndic du département, cité par M. de Closmadeuc (p. 129) confirme le fait visé par Lemoine : « Le 27 (thermidor) le général Lemoine, mécontent de la marche des Commissions, prit sur lui de les destituer. Des protestations furent faites contre cet acte, qu’on qualifia d’arbitraire, et elles furent déposées, le lendemain, 28, au secrétariat de l’administration. » Le procureur-syndic, jugeant cette mesure prise par le général Lemoine, ajoutait : « Quant à nous, nous ne pouvons les regarder que comme un nouveau malheur dans la circonstance actuelle. »