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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/49

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dont on ne peut douter, c’est que cette coïncidence même n’ait pressé la résolution d’agir.

Il y eut communauté de vues et entente entre Frotté et Puisaye. Vauban, qui fut le lieutenant et le confident de Puisaye, et Beauchamp, un des hommes qui ont le mieux connu la vérité sur les affaires de l’Ouest, le déclarent en termes non ambigus[1] ; et les faits d’ailleurs le prouvent. Cette entente a pu n’être ni constante, ni parfaite sur des points de détail ou sur des questions spéciales, mais l’accord exista certainement sur la direction générale à donner au mouvement royaliste de l’intérieur, dans le sens d’une restauration, plus ou moins constitutionnelle quant à sa

  1. Voici ce que dit Beauchamp : « Frotté, qui connaissait les plans de Puisaye, fit d’abord des tentatives pour lier ses opérations à celles de la Basse-Bretagne, et, profitant de la pacification, il avait dépêché au conseil royal du Morbihan un officier porteur de l’invitation suivante (23 janvier 95) : « Notre intérêt commun, la même façon de penser et d’agir rendent nécessaire entre nous une correspondance suivie, qui ne nous laisse rien ignorer de nos positions réciproques… Nous vous prions au nom du roi et du bien général, de nous faire parvenir les instructions que vous jugerez convenables pour que nous puissions seconder par tous nos moyens le noble dévouement dont nous vous savons pénétrés » (Histoire de la Vendée, t. 3, p. 176). — Après ces lignes il faut lire celles de Vauban : « À la gauche de la Bretagne en remontant au Nord, se trouve la Normandie, parti royaliste naissant pouvant prendre une grande existence. Le général Frotté faisait tout ce qui dépendait de lui pour l’augmenter mais il n’avait encore que six ou sept mille hommes. Cela tenait à des causes intérieures, couvertes encore d’un voile qu’il serait dangereux de soulever. Cette province toute excellente était invisiblement conduite par une main qui ne voulait agir qu’à une condition qui n’existait pas encore… » (Mémoires, p. 223). Il y a là des réticences singulières. Quand on aura vu à quels agissements le conseil royal du Morbihan se laissa entraîner contre Puisaye, on en apercevra peut-être le sens.