Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 2.djvu/248

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minimum des oscillations de la seconde et de la troisième espèce est le même que celui du passage de l’astre qui les produit au méridien ; mais on voit par la formule précédente que, dans le cas général d’une profondeur quelconque, ces instants peuvent être fort différents, et les heures des marées peuvent être très-variables d’un port à l’autre, conformément à ce que l’on observe.

Dans plusieurs ports, les oscillations de la seconde espèce peuvent être insensibles, tandis que dans d’autres ports on ne remarquera point les oscillations de la troisième espèce. Mais, suivant la formule précédente, les maxima ou minima de ces oscillations suivraient d’un même intervalle les passages de leurs astres respectifs au méridien, puisque les quantités ϐ et sont les mêmes relativement à chacun des deux astres ; or nous verrons dans la suite que ce résultat est contraire aux observations ; ainsi, quelque étendue que soit la formule précédente, elle ne satisfait pas encore à tous les phénomènes observés. L’irrégularité de la profondeur de l’océan, la manière dont il est répandu sur la Terre, la position et la pente des rivages, leurs rapports avec les côtes qui les avoi\sinent, les courants, les résistances que les eaux éprouvent, toutes ces causes, qu’il est impossible de soumettre au calcul, modifient les oscillations de cette grande masse fluide. Nous ne pouvons donc qu’analyser les phénomènes généraux qui doivent résulter des attractions du Soleil et de la Lune, et tirer des observations les données dont la connaissance est indispensable pour compléter dans chaque port la théorie du flux et du reflux de la mer, et qui sont autant d’arbitraires dépendantes de l’étendue de la mer, de sa profondeur et des circonstances locales du port.

16. Envisageons sous ce point de vue général la théorie des oscillations de l’océan et sa correspondance avec les observations. On peut considérer la mer comme un système d’une infinité de molécules qui réagissent les unes sur les autres, soit par leur pression, soit par leur attraction mutuelle, et qui, de plus, sont animées par la pesanteur et par les forces attractives du Soleil et de la Lune. Sans l’action de ces