Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/126

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et celle de la répulsion de ce calorique par le calorique des molécules environnantes. Ces deux suppositions me paraissent évidemment indiquées par la force révulsive des gaz et par l’augmentation que cette force reçoit d’un accroissement de température. Ma théorie étend aux molécules des gaz le rayonnement admis par les physiciens. Mais, pour satisfaire aux lois de Mariotte et de MM. Dalton et Gay-Lussac, ce rayonnement doit être proportionnel à la compression que le calorique libre d’une molécule de gaz éprouve de la force révulsive du calorique libre des molécules qui l’environnent. Il paraît donc naturel d’admettre, conformément à ma théorie, cette force révulsive comme la cause du rayonnement des molécules des corps. Au moyen de ces suppositions, les phénomènes de l’expansion de la chaleur et des vibrations des gaz sont ramenés à des forces attractives et révulsives qui ne sont sensibles qu’à des distances imperceptibles. Dans ma théorie de l’action capillaire, j’ai ramené à de semblables forces les effets de la capillarité. Tous les phénomènes terrestres dépendent de ce genre de forces, comme les phénomènes célestes dépendent de la gravitation universelle. Leur considération me paraît devoir être maintenant le principal objet de la Philosophie mathématique. Il me semble même utile de l’introduire dans les démonstrations de la Mécanique, en abandonnant les considérations abstraites de lignes sans masse flexibles ou inflexibles et de corps parfaitement durs. Quelques essais m’ont fait voir que, en se rapprochant ainsi de la nature, on pouvait donner à ces démonstrations autant de simplicité et beaucoup plus de clarté que par les méthodes usitées jusqu’à ce jour.


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