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LIVRE XIII.

que l’erreur des résultats obtenus est renfermée dans d’étroites limites, méthode sans laquelle on est exposé à présenter comme lois de la nature les effets des causes irrégulières, ce qui est arrivé souvent en Météorologie, J’ai donné cette méthode dans ma théorie analytique des probabilités. En l’appliquant aux observations, j’ai déterminé la loi des anomalies de la variation diurne du baromètre, et j’ai reconnu que l’on ne peut pas, sans quelque invraisemblance, attribuer les résultats précédents à ces anomalies seules ; il est probable que le flux lunaire atmosphérique diminue la variation diurne dans les syzygies, qu’il l’augmente dans les quadratures, mais dans des limites telles, que ce flux ne fait pas varier la hauteur du baromètre de de millimètre en plus ou en moins, ce qui montre combien peu l’action de la Lune sur l’atmosphère est sensible à Paris. Quoique ces résultats aient été conclus de observations, la méthode dont je viens de parler fait voir que, pour leur donner une probabilité suffisante et pour obtenir avec exactitude un élément aussi petit que le flux lunaire atmosphérique, il faut employer au moins observations. L’un des principaux avantages de cette méthode est de faire connaître jusqu’à quel point on doit multiplier les observations pour qu’il ne reste aucun doute raisonnable sur leurs résultats.

Quelle est sur le flux lunaire l’influence respective des trois causes du flux atmosphérique que j’ai citées ? Il est difficile de répondre à cette question. Cependant le peu de densité de la mer par rapport à la moyenne densité de la Terre ne permet pas d’attribuer un effet sensible au changement périodique de sa figure. Sans les circonstances accessoires, l’effet direct de l’action de la Lune serait insensible sous nos latitudes. Ces circonstances ont, il est vrai, une grande influence sur la hauteur des marées dans nos ports ; mais, le fluide atmosphérique étant répandu autour de la Terre beaucoup moins irrégulièrement que la mer, leur influence sur le flux atmosphérique doit être beaucoup moindre que sur le flux de l’Océan. Ces considérations me portent à regarder comme cause principale du flux lunaire atmosphérique, dans nos climats, l’élévation et l’abaissement périodiques de la mer. Des