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LIVRE XIV

ellipse, résultats précieux qui sont généralement adoptés dans les Tables astronomiques. En comparant aux observations les expressions analytiques de la nutation et de la précession, d’Alembert en conclut le rapport de l’action de la Lune à celle du Soleil ; mais il observe qu’une très-petite différence dans la valeur de la nutation changerait sensiblement ce rapport et celui de la masse de la Lune à la masse de la Terre, que l’on conclut de ce rapport.

D’Alembert détermine ensuite les rapports de la précession et de la nutation avec la figure de la Terre, et les lois de la densité et de l’ellipticité de ses couches, depuis son centre jusqu’à sa surface ; il en conclut que l’ellipticité qui résulte de la comparaison des degrés mesurés en Laponie en 1736 et à l’équateur, ne peut satisfaire à ces rapports. Ce grand géomètre croit cependant qu’il est possible de concilier avec ces mesures la théorie de l’attraction, en considérant que la Terre est recouverte en grande partie par la mer, dont les molécules, cédant à l’action des astres, ne doivent point, suivant lui, contribuer aux mouvements de l’axe terrestre ; en sorte qu’il ne faut employer dans le calcul de ces mouvements que l’ellipticité du sphéroïde recouvert par l’océan, ellipticité qui peut être supposée moindre que celle de la surface de la mer. Mais, ayant soumis à une analyse exacte les oscillations d’un fluide qui recouvrirait le sphéroïde terrestre et la pression qu’il exerce sur la surface du sphéroïde, j’ai fait voir que ce fluide transmet à l’axe terrestre les mêmes mouvements que s’il formait une masse solide avec la Terre. M. Plana, par d’ingénieuses et savantes recherches sur les oscillations des fluides qui recouvrent les planètes, vient de confirmer ce résultat important, auquel j’avais donné, dans le Livre V, la plus grande généralité, en établissant, par le principe de la conservation des aires, que l’action des astres sur la mer, quelle que soit la manière dont elle recouvre le sphéroïde terrestre, produit sur la nutation et la précession les mêmes effets que si la mer venait à se consolider. La difficulté que la théorie de l’attraction présente sur cet objet subsiste donc si l’elliplicité de la Terre est Cet aplatissement ne peut encore se concilier, dans cette théo-