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MÉCANIQUE CÉLESTE

rie, avec les observations du pendule de l’équateur aux pôles, qui donnent un aplatissement au-dessous de Mais une vérification du degré de Laponie, faite par M. Swanbergi, astronome suédois, a montré que la mesure de ce degré, à laquelle on avait accordé trop de confiance, est fautive. La nouvelle mesure de M. Swanberg, comparée aux degrés mesurés en France, dans l’Inde et à l’équateur, donne un aplatissement au-dessous de et par là concilie avec la théorie de l’attraction les phénomènes de la précession et de la nutation et les observations du pendule. L’erreur de d’Alembert que nous venons de signaler n’est pas le seul exemple que l’histoire des Sciences nous offre de savants célèbres induits en erreur par trop de confiance dans des mesures fautives. Ce fut par la mesure inexacte de la hauteur du baromètre, faite par le P. Feuillée au sommet du pic de Ténériffe, que Daniel Bernoulli fut conduit à l’étrange hypothèse de l’accroissement de la chaleur à mesure qu’on s’élève dans l’atmosphère au-dessus de la surface de la Terre. Il importe donc au géomètre de ne s’appuyer que sur des observations très-exactes et vérifiées avec un soin particulier.

D’Alembert applique sa solution du problème de la précession des équinoxes aux deux cas que Newton avait considérés, celui où la Terre serait réduite à l’enveloppe qui recouvre une sphère dont le diamètre serait l’axe des pôles, et le cas où les molécules de cette enveloppe seraient réunies sous la forme d’un anneau à l’équateur. Il examine le cas où la Terre n’aurait point de mouvement de rotation. Je tiens de ce grand géomètre qu’il avait d’abord pensé que, la Terre étant supposée un solide de révolution, sa rotation ne devait avoir aucune influence sur les phénomènes de la précession et de la nutation, parce que, tous les méridiens étant semblables et se présentant successivement de la même manière au Soleil et à la Lune, l’action de ces astres sur l’axe terrestre est la même, soit que la Terre tourne sur elle-même, soit qu’elle ne tourne pas. C’était, en effet, conformément à cette idée qu’il avait précédemment considéré les oscillations de l’atmosphère, dans sa pièce Sur la cause des vents. Il parvint ainsi, sur la précession et sur la nutation, à des résultats contraires aux observations. Mais,