Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/342

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de simples apparences produites par leur mouvement réel, combiné avec celui de la Terre, et le mouvement général du ciel, d’où résulte la précession des équinoxes, se réduisait à un mouvement fort lent dans l’axe terrestre. Mais, pour expliquer les inégalités des mouvements réels, Copernic adopta l’ancienne hypothèse des mouvements circulaires et uniformes. Kepler, après avoir essayé longtemps et inutilement de représenter dans cette hypothèse les observations deTycho Brahe sur la planète Mars, reconnut enfin qu’elle se meut dans une ellipse dont le centre du Soleil occupe un des foyers et que son rayon vecteur trace autour de ce point des aires proportionnelles au temps. Il étendit ces résultats à la Terre et aux autres planètes, et il découvrit que toutes leurs ellipses sont liées entre elles par ce beau rapport, savoir que les cubes des grands axes sont proportionnels aux carrés des temps des révolutions.

Quoique Kepler donne, dans la Préface de son Ouvrage De stella Martis, des idées justes sur l’attraction réciproque de la Lune et de la Terre et sur la tendance des eaux de la mer vers la Lune, et qu’il reconnaisse, dans ce même Ouvrage, que les inégalités elliptiques du mouvement des planètes sont dues à l’action du Soleil, il attribue cependant à une autre cause la périodicité des mouvements planétaires : il suppose que le Soleil, par sa rotation, envoie à chaque instant, dans le plan de son équateur, des espèces immatérielles douées d’une activité décroissante en raison des distances, et qui, en s’étendant, conservent le mouvement circulaire qu’elles avaient à la surftice de cet astre et donnent aux planètes, qu’elles entraînent, leur mouvement de révolution. J’ai montré ailleurs comment la rotation du Soleil a pu imprimer à chaque planète son mouvement initial. Mais, pour le rendre presque circulaire, il est nécessaire de le combiner avec une tendance de la planète vers le Soleil. Borelli a eu, le premier, l’heureuse idée de cette combinaison, qu’il a étendue aux satellites relativement à leur planète. Newton, Halley, Wren et Hooke, en comparant cette idée aux théorèmes d’Huygens sur la force centrifuge et au rapport trouvé par Kepler entre les carrés des temps des révolutions des